Question : Comment définiriez-vous l’approche « Une seule santé », et en quoi est-elle différente de ce qui s’est fait au cours des 50 dernières années ?
Réponse : L’importance de l’interface homme-animal-environnement est reconnue et traduite dans les faits depuis des siècles. L’expression « Une seule santé » est née il y a une vingtaine d’années ; cette formule entendait inciter à inscrire la conception et la mise en œuvre de programmes de santé humaine et de programmes touchant à la santé animale et environnementale dans une approche globale et multisectorielle. Après la crise sanitaire due à la grippe dans les années 2000 et, plus récemment, les problèmes liés à la résistance aux antimicrobiens, la crise liée à la COVID-19 a été l’occasion de plaider une nouvelle fois pour cette approche.
L’approche « Une seule santé » repose sur l’idée que l’homme, l’animal et l’environnement ont entre eux, par nature, des liens indissociables et interdépendants. On estime que 60 pour cent des maladies infectieuses que l’on observe aujourd’hui chez l’être humain sont des zoonoses, et qu’au moins 75 pour cent des nouvelles maladies infectieuses proviennent des animaux. La survie des hommes et des animaux passe impérativement par des écosystèmes sains. On ne peut plus penser à la santé d’un groupe sans prendre en considération l’état de santé des autres groupes. Cette prise de conscience marque un tournant par rapport aux 50 dernières années, au cours desquelles on ne s’était principalement soucié que de la santé humaine.
Depuis 2010, l’OIE s’est engagée à promouvoir l’approche « Une seule santé » au sein de l’Alliance tripartite avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Nous avons des activités et des objectifs communs en matière de prévention et de maîtrise des risques sanitaires, et nous nous occupons également de diffuser et mettre en lumière des informations scientifiques sur des sujets en rapport avec la notion d’« Une seule santé », tels que la résistance aux antimicrobiens, la rage et la grippe aviaire. L’Alliance tripartite s’est récemment élargie pour intégrer le Programme des Nations Unies pour l’environnement, et a chargé un groupe d’experts de haut niveau sur l’approche « Une seule santé » de suggérer un plan d’action mondial à long terme pour prévenir les épidémies de zoonoses.