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Le rôle des émissions de carbone dans l’acidification des océans

Vladimir Tarakanov

(Graphique : A. Vargas Terrones /AIEA)

L’acidification des océans est l’une des conséquences de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone (CO₂), un gaz à effet de serre responsable du changement climatique. Les océans absorbent environ un tiers de l’ensemble des émissions de CO2 produites par l’homme, ce qui a pour effet de modifier la chimie de l’eau de mer et provoque leur acidification. Ce phénomène constitue une grave menace pour la vie sous-marine, la santé des écosystèmes et les populations dont les moyens de subsistance sont tributaires des océans.

Lorsque le CO2 se dissout dans l’eau, il forme de l’acide carbonique (H2CO3), relâchant des ions d’hydrogène (H+) et faisant augmenter l’acidité océanique. L’acidité joue un rôle majeur dans de nombreux mécanismes biologiques, dont la calcification.

(Graphique : A. Vargas Terrones /AIEA)

Le carbonate de calcium (CaCO₃) est essentiel pour les organismes qui ont besoin de calcium pour l’édification et le maintien de leur coquille ou de leur squelette, comme certains types de planctons, les huîtres, les crabes, les oursins, les crevettes ou les homards.

Du fait de l’acidification des océans, il leur est plus difficile de maintenir ces structures calcifiées, ce qui peut avoir pour effet de perturber les chaînes alimentaires.

(Graphique : A. Vargas Terrones /AIEA)

Ce phénomène peut aussi entraver la capacité des récifs coralliens de faire face au réchauffement et aux autres facteurs de stress, car il est plus difficile pour les coraux de former leurs squelettes à partir du calcium.

L’acidification des océans a des répercussions tant pour les petites communautés littorales que pour les grandes entreprises. Elle nuit à l’aquaculture et au tourisme, et touchera donc tout particulièrement les populations dont l’alimentation et les revenus sont tributaires des océans.

(Graphique : A. Vargas Terrones /AIEA)

Selon les estimations, les moyens de subsistance des quelque trois milliards de personnes qui dépendent de la biodiversité marine et côtière risquent d’être compromis par l’acidification des océans. Les grandes filières de la conchyliculture sont également menacées.

Ainsi, une étude menée aux États-Unis d’Amérique a montré que, d’ici à 2100, la filière américaine des mollusques et crustacés pourrait perdre plus de 400 millions de dollars par an en raison de l’acidification des océans. Les chercheurs et les entreprises cherchent des solutions pour limiter les effets de l’acidification sur les écloseries ostréicoles.

S’il est certes important de trouver des moyens de s’adapter, il est aussi fondamental de s’attaquer aux causes profondes du problème, à savoir les importantes émissions de CO2 découlant de l’utilisation des combustibles fossiles.

Action coordonnée contre l’acidification des océans

Pour trouver et mettre en œuvre des solutions, il est essentiel de mieux comprendre les effets biologiques de l’acidification des océans. Les techniques nucléaires et isotopiques, comme les radiotraceurs, peuvent constituer des outils clés pour améliorer notre compréhension de ces processus.

Afin de promouvoir les travaux de recherche et la collaboration dans ce domaine, de faciliter la coordination des activités internationales sur l’acidification des océans et d’encourager la communication à ce sujet, l’AIEA a créé le Centre international de coordination sur l’acidification des océans (OA-ICC).

Ce dernier réunit des chercheurs et des organismes du monde entier afin d’œuvrer au renforcement des capacités scientifiques et de mener des activités de communication et d’information active, le but étant de promouvoir, dans le cadre de l’action menée pour lutter contre ce problème mondial, une prise de décisions qui soit fondée sur la science.

L’OA-ICC :

  • Organise des cours dans le monde entier ; donne accès à des données ; gère un site web dédié en accès libre qui propose régulièrement des rapports scientifiques, des reportages, des notes d’orientation et d’autres documents relatifs à l’acidification des océans.
  • Promeut la création de portails de données, de méthodes harmonisées et de pratiques optimales.
  • Sensibilise les parties prenantes concernées et les informe au sujet du rôle que les techniques nucléaires et isotopiques peuvent jouer dans l’évaluation des effets de l’acidification des océans.
  • Fournit un appui au Réseau mondial d’observation de l’acidification des océans (GOA-ON), une communauté qui propose des informations sur les installations de suivi de l’acidification des océans et offre un accès à des données en temps réel.

(Graphique : A. Vargas Terrones /AIEA)

12/2022
Vol. 63-4

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