Les ressources en uranium sont suffisantes pour permettre à la fois l’utilisation ininterrompue de l’énergie d’origine nucléaire et une expansion importante du secteur jusqu’en 2050 et au-delà. Il sera néanmoins primordial d’investir en temps voulu dans de nouvelles techniques de prospection, d’extraction et de traitement de l’uranium pour que ce minerai puisse être disponible sur le marché au moment opportun.
Tels sont quelques-uns des principaux constats figurant dans la dernière édition de la publication intitulée Uranium 2024 : ressources, production et demande, également appelée « Livre rouge », ouvrage de référence mondial essentiel élaboré conjointement, tous les deux ans, par l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE/AEN) et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).
L’édition 2024 du Livre rouge dresse un état des lieux complet des fondamentaux du marché de l’uranium à partir de données gouvernementales, accompagné d’un bilan statistique circonstancié du secteur mondial de l’uranium. Portant sur les années civiles 2021 et 2022, ce rapport inclut des données sur les ressources, la prospection et la production de l’uranium. Il comporte également 62 profils nationaux présentant des informations détaillées sur les plans de développement des mines, les aspects environnementaux et sociaux relatifs à l’extraction de l’uranium, et les réglementations et politiques nationales connexes.
D’après le Livre rouge, au 1er janvier 2023, les ressources en uranium récupérables recensées dans le monde s’élevaient à 7 934 500 tonnes. Ce chiffre correspond à toutes les ressources d’uranium présumées ou raisonnablement assurées récupérables à des prix du marché variant entre 40 et 260 $ É.-U./KgU (soit entre 15 et 100 $ É.-U/livre d’U3O8). Par rapport au total indiqué dans l’édition de 2022, l’augmentation est de moins de 0,5 %. Toutefois, des sources non découvertes ou non conventionnelles pourraient venir augmenter ce chiffre, à la fois en raison de la forte hausse des prix au comptant de l’uranium depuis la mi-2021 et de l’engagement qu’ont d’abord annoncé à la COP28 puis qu’ont signé 31 pays à ce jour de tripler leur capacité en matière d’énergie nucléaire d’ici à 2050.
Partout dans le monde, les dépenses nationales consacrées à la prospection et à l’exploitation des mines ont augmenté de façon spectaculaire après une période de déclin due aux mauvaises conditions du marché et à la pandémie de COVID-19. En 2022, les dépenses annuelles ont atteint 800 millions de dollars, et les données préliminaires pour 2023 laissent présager une nouvelle augmentation qui porterait ce montant à 840 millions de dollars.
Le Livre rouge comporte également des projections relatives à la capacité nucléaire installée et aux besoins en uranium jusqu’en 2050, reposant sur des hypothèses de croissance faible mais aussi forte, accompagnées d’une évaluation de l’adéquation entre l’offre et la demande d’uranium pour chacune d’entre elles. Selon ces projections, les ressources en uranium sont suffisantes pour répondre aux besoins d’une capacité nucléaire installée affichant une forte croissance jusqu’en 2050 et au-delà. Toutefois, il faudra procéder à des investissements essentiels dans de nouvelles techniques de prospection et des techniques de traitement améliorées, ainsi que dans de nouveaux centres de production, pour reconstituer les réserves.
Entre 2020 et 2022, la production a augmenté de 4 % et, d’après le rapport, cette progression devrait se poursuivre dans les années à venir. En raison du climat d’investissement actuel peu enclin au risque et des processus réglementaires complexes qui peuvent s’éterniser dans de nombreuses zones d’extraction de l’uranium, les délais d’implantation de nouveaux centres de production risquent d’être longs. Les défis géopolitiques, ainsi que les difficultés techniques liées à l’exploitation de nouvelles mines et installations de préparation des minerais, sont susceptibles d’aggraver encore la situation. Par conséquent, il faut immédiatement prendre des mesures pour que l’approvisionnement en uranium soit suffisant à moyen terme.
Notes aux éditeurs
L’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN) est une agence intergouvernementale qui relève de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Elle facilite la coopération entre les pays dotés d’infrastructures de technologie nucléaire avancées en vue d’atteindre l’excellence dans les domaines de la sûreté, de la technologie et des sciences nucléaires, ainsi qu’en matière de droit et de questions environnementales et économiques connexes.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) est la principale instance intergouvernementale au monde pour la coopération scientifique et technique dans le domaine nucléaire. Elle s’emploie à promouvoir les utilisations sûres, sécurisées et pacifiques des sciences et des technologies nucléaires, contribuant ainsi à la paix et à la sécurité internationales, ainsi qu’à la réalisation des objectifs de développement durable de l’Organisation des Nations Unies.
Le Groupe mixte AEN/AIEA de l’uranium contribue à l’élaboration de chaque édition de la publication intitulée Uranium : ressources, production et demande. Il coordonne aussi l’élaboration des évaluations périodiques de l’offre mondiale d’uranium naturel, examine le rapport entre cette offre et la demande prévue et recommande des mesures pouvant être prises pour assurer à long terme une offre d’uranium suffisante pour permettre le développement de l’électronucléaire.