Durant les confinements provoqués par la COVID-19 à partir de mars 2020, le Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture a guidé les pays dans la détection du virus responsable de la maladie, à l’aide de son Réseau de laboratoires diagnostiques vétérinaires (VETLAB). Le VETLAB a aidé plus de 60 pays à détecter et à contrôler les maladies animales et les zoonoses, dont la COVID-19. Ces progrès vont se poursuivre avec l’initiative Action intégrée contre les zoonoses (ZODIAC) de l’AIEA, lancée l’an dernier.
M. Dongyu a souligné que la « FAO avait travaillé en étroite collaboration avec l’AIEA depuis 1964 pour contribuer à une sécurité et une sûreté alimentaires durables à l'aide des techniques nucléaires et de la biotechnologie. À l'aide de nos laboratoires interdisciplinaires conjoints, nous avons travaillé en étroite collaboration avec d'autres organisations telles que l’OIE afin de mettre au point des technologies et des applications aux fins du diagnostic des maladies animales. »
L’AIEA, en qualité de membre de l’Équipe des Nations Unies pour la gestion de la crise de la COVID‑19 et en coordination avec l’OMS, a fourni une assistance à 129 pays sous la forme de matériel de détection de la COVID-19 et de formation. Il s'agit de son projet de coopération technique le plus important à ce jour.
M. Ghebreyesus a ajouté que « l’OMS reconnaît la contribution de l’AIEA à l’amélioration de la capacité des laboratoires vétérinaires dans le monde à renforcer les systèmes de santé ainsi que la préparation aux pandémies et l’intervention face à celles-ci à l’échelle mondiale. Cette contribution complète les cadres et les mécanismes mis en place par l’OMS et ses partenaires. »
Mme Eloit, de l’OIE, a noté qu’« à mesure que la population mondiale continue de croître et de se disputer des ressources en diminution, nous devons nous rappeler plus que jamais que la santé de l'homme, des animaux et des autres organismes est primordiale. Collectivement, nous devons être plus intelligents et nous adapter en coordonnant notre action. “Une seule santé” consiste en une approche multisectorielle concernant la santé des animaux, des hommes et de tous les autres organismes ».
Christian Happi, Directeur du Centre d'excellence africain pour la génomique des maladies infectieuses (ACEGID) et expert en maladies infectieuses, a traité du cas de la fièvre Ebola au Nigeria, où la maladie a été surmontée en un temps record, cas qui a mis en lumière les enseignements pouvant être tirés. « Le temps que nous détections et que nous catégorisions un nouveau pathogène, il est souvent déjà trop tard. Mais nous sommes au début d'une nouvelle ère, nous pouvons changer les choses. Nous avons entendu le Directeur général de l’AIEA nous parler de ZODIAC, c’est avec de telles initiatives, faisant fond sur la connaissance, la technologie, le renforcement des capacités et la formation, que nous pouvons surmonter ces menaces. »
Oratrice principale, Jane Goodall, Messagère de la paix de l’ONU, a expliqué comment les zoonoses surviennent à cause de la façon dont l’homme traite les animaux et de la transmission de leurs pathogènes : « Si l’un de ces pathogènes, bactérie ou virus, se transmet à l’homme, il peut provoquer l’une de ces nouvelles zoonoses. » Elle a poursuivi ainsi : « Il apparaît très clairement que la santé humaine et le bien-être sont étroitement liés à la santé de l’environnement, qui, à son tour, dépend de la santé des animaux et des plantes qui constituent la biodiversité d’une zone et d’un écosystème. Nous disposons d’une fenêtre de temps dans laquelle nous pouvons essayer d’inverser les choses, mais je pense qu’elle n’est pas très grande et qu’elle se referme ... Nous devons agir ensemble et maintenant. »
« Dans le contexte de ces urgences sanitaires récurrentes, presque toujours liées à des maladies infectieuses et souvent d’origine zoonotique, il importe de commencer à étudier et à comprendre le rôle que peut jouer la science en général et la science nucléaire en particulier, dans la préparation et l’intervention face à ces menaces à la santé publique », a dit Khalid Ait Taleb, Ministre marocain de la santé.
Ermira Gjeci, Vice-Ministre albanaise de l'agriculture et du développement rural, a fait part de l’expérience de son pays : « Les technologies nucléaires et autres ont joué un rôle important dans la santé animale, surtout en ce qui concerne le diagnostic de maladies et la caractérisation d’organismes pathogènes. En Albanie, du 1er mai au 15 août 2021, nous avons eu des épidémies de grippe aviaire chez les espèces domestiques et sauvages. » Elle a ajouté que des méthodes de biologie moléculaire ont permis d’obtenir des résultats en 24 heures et de prendre des mesures immédiates.
« Le Honduras, en proie à des maladies animales et à des zoonoses, a également appliqué avec succès des techniques nucléaires pour les contrôler », dit Karen Najarro, Vice-Ministre hondurienne des affaires étrangères.
« Ces dernières années, notre pays a souffert de plusieurs zoonoses, comme la dengue, la maladie à virus Zika et le chikungunya, transmises par le moustique Aedes aegypti. Nous pensons que la communauté internationale doit être capable de faire face à de telles urgences. L’AIEA a été un partenaire stratégique dans cette lutte. Cette pandémie a montré que des pays à revenu intermédiaire inférieur tels que le Honduras avaient besoin d'une assistance internationale pour relever ces défis. ZODIAC, avec ses cinq piliers, sera manifestement crucial pour aider les États Membres à mettre en œuvre de meilleures méthodes de diagnostic. »
Amadou Alpha Sall, Directeur de l’Institut Pasteur de Dakar (Sénégal), a résumé en trois points la nécessité de faire face aux épidémies de zoonoses :
- mettre en place un système mondial de surveillance fondé sur les technologies faisant appel aux compétences locales,
- détecter tôt les zoonoses afin de les signaler et de mettre au point les moyens de les dépister, comme la PCR en temps réel et les tests rapides, et
- parler aux populations et être à l’écoute de leurs besoins.
Les travaux se poursuivent au cours de cinq séances d’un programme se déroulant sur deux jours.