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L’électronucléaire et la transition vers une énergie propre : ouverture du Forum scientifique

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L’électronucléaire facilite la transition vers une énergie propre grâce à un approvisionnement électrique sûr et flexible (en anglais)

« La réalisation des objectifs en matière de changement climatique suppose que la quasi-totalité de l'électricité soit produite moyennant une faible émission de carbone, ce qui passe nécessairement par un recours accru à l’électronucléaire », a déclaré aujourd'hui le Directeur général de l’AIEA, Rafael Mariano Grossi, à l’ouverture du Forum scientifique 2020 . « Il nous faudra utiliser toutes les sources d’énergie qui n’émettent pas de gaz à effet de serre, a-t-il poursuivi. L’électronucléaire fait partie de la solution. »

L’électronucléaire est une source d’énergie résiliente - comme on a pu le voir, même pendant la pandémie - qui entre d'ores et déjà pour un tiers de la production d’électricité à faible bilan carbone. Le Forum scientifique porte cette année sur le rôle que ce secteur peut jouer dans la transition vers une énergie propre en aidant les pays à atteindre à la fois les objectifs climatiques et les objectifs de développement, en misant sur les progrès de la science et des techniques en matière d’utilisation de l’énergie atomique.

L’innovation est essentielle pour que l’électronucléaire livre toutes ses promesses, a insisté M. Grossi. « Les grands réacteurs avancés ouvrent la voie à un électronucléaire plus accessible, plus durable et plus abordable. Des solutions innovantes sont en cours de déploiement ou sont envisagées pour optimiser l’exploitation et la maintenance des centrales nucléaires. » 

Les autres secteurs qui dépendent largement des combustibles fossiles, comme l’industrie, les transports ou encore le chauffage et la climatisation des bâtiments, doivent aussi être décarbonés, a ajouté M. Grossi. L’hydrogène, sur lequel beaucoup comptent pour remplacer les combustibles fossiles, peut être produit grâce à l’électronucléaire sans aucune émission de carbone. « Il peut servir, par exemple, à alimenter des voitures à pile à combustible, ainsi qu'à stocker de l’énergie, a expliqué M. Grossi. Il apparaît de plus en plus comme un facteur déterminant de la transition vers une énergie propre. »

Le Forum scientifique qui se tient ces deux prochains jours en marge de la 64e session de la Conférence générale est l'occasion pour de hauts responsables et des experts renommés d’examiner les dernières avancées et les faits nouveaux dans le domaine de l’électronucléaire et de voir en quoi il pourrait contribuer à répondre aux besoins énergétiques mondiaux actuels et futurs. Il est réparti sur quatre séances, qui se déroulent à la fois en présentiel et en format virtuel. Pour consulter le programme complet de l’événement, cliquer ici.

Le Forum scientifique est retransmis en direct : cliquer ici.

Séance d’ouverture

Au Brésil, pendant la pandémie, le secteur nucléaire a permis d’assurer l’approvisionnement énergétique du pays, a déclaré le Ministre brésilien des mines et de l’énergie, Bento Costa Lima Leite de Albuquerque Junior.

Le Brésil a recours à diverses sources d’énergie, comme la biomasse, les biocarburants, les énergies éolienne et solaire, les hydrocarbones et le nucléaire. D’après M. Albuquerque, d'ici à 2050, la demande énergétique du pays pourrait être jusqu’à 2,5 fois supérieure à ce qu'elle est aujourd'hui, et sa capacité nucléaire augmentera d’environ 10 GW dans le même temps.

Les derniers progrès techniques – avec les surgénérateurs à neutrons rapides et les petits réacteurs modulaires - ainsi que les améliorations apportées aux normes de sûreté et de sécurité vont permettre aux centrales nucléaires d’intégrer d’autres sources d’énergie pour former des systèmes hybrides. « Il est clair que les systèmes hybrides qui combineront les technologies nucléaires et des sources d’énergie renouvelables intermittentes pour produire de l’électricité et assurer le chauffage industriel s’imposeront à l’avenir », a affirmé M. Albuquerque.

Au Royaume-Uni, le nucléaire est en passe de mettre fin à la dépendance au charbon et contribue à la réalisation de l’objectif de zéro émission nette d'ici à 2050. « Plus de 60 % de l’électricité consommée au Royaume-Uni pendant les quatre premiers mois de cette année provenait de sources à faible émission de carbone, et un quart de cette électricité propre était d'origine nucléaire », a indiqué dans une déclaration enregistrée en vidéo le Secrétaire d’État britannique chargé des entreprises, de l’industrie et de l'énergie, Alok Sharma. M. Sharma présidera la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26) qui se tiendra au Royaume-Uni en novembre 2021.

« Nous savons que la décarbonation du secteur énergétique est la clé d'un avenir propre, a-t-il dit. Le nucléaire produisant une énergie constante avec un faible bilan carbone, il peut jouer un rôle important à cet égard ».

« En réduisant les coûts et les délais de construction dans l’ensemble du secteur, nous pouvons rendre [le nucléaire] plus abordable et plus accessible, et mettre ainsi cette électricité sobre en carbone à la portée de nouveaux consommateurs et de nouveaux marchés à l’échelle mondiale », a poursuivi M. Sharma.

La nécessité de recourir davantage aux sources d’énergie à faible émission de carbone a aussi été soulignée par la Secrétaire exécutive de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE-ONU), Olga Algayerova. « Les efforts déployés pour rendre le système énergétique plus écologique n’ont pas donné de résultats significatifs. Nous devons mettre à profit toutes les technologies [...]. Nous ne pourrons atteindre notre objectif collectivement sans l’énergie nucléaire. »

Le Directeur exécutif de l’Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol, a fait valoir que le nucléaire faisait partie de la solution face au changement climatique, et ce principalement pour trois raisons :

  1. L’électronucléaire est la deuxième source d’énergie propre dans le monde.
  2. Les énergies solaire et éolienne vont certes connaître un essor, mais ne peuvent fournir qu’une énergie intermittente.
  3. L’électronucléaire peut jouer un rôle crucial dans la décarbonation du secteur industriel.

« L’enjeu de la lutte contre le changement climatique est tel que nous ne pouvons faire abstraction du nucléaire, a affirmé M. Birol. Nous devons engager tous les moyens technologiques dont nous disposons. »

Le Directeur général d’Urenco (une société de production de combustible nucléaire qui exploite des usines d’enrichissement d'uranium), Boris Schucht, a appelé l’attention sur les domaines dans lesquels les dirigeants politiques et ceux qui nous gouvernent devaient renforcer leur appui au nucléaire. Il conviendrait, selon lui, de se doter d'un cadre directif qui donnerait un prix au carbone et s’appliquerait à tous les grands émetteurs de gaz à effet de serre, ce qui créerait des conditions égales pour tous. "Là où les émissions de carbone ne sont pas tarifées, il n’y a pas d'incitation efficace en faveur de l’électronucléaire", a indiqué M. Schucht.

Il faudrait aussi, a-t-il ajouté, améliorer dans le même temps le rapport coût-performance de l’électronucléaire et réduire précisément le facteur coût de manière durable, grâce notamment à des efforts d’harmonisation. « Nous devrions collaborer à cette fin dès maintenant », a-t-il indiqué. 

Aux Philippines, la COVID-19 a révélé les faiblesses du système énergétique et fait ressortir l’urgente nécessité d’assurer la sécurité énergétique, a déclaré le Ministre philippin de l'énergie, Alfonso Cusi. Le Ministère promeut le développement et l’utilisation responsables de toutes les sources d’énergie, y compris le nucléaire.

En début d’année, un comité chargé d'élaborer un programme relatif à l’énergie nucléaire a été créé par ordonnance. « Ce comité devrait s'atteler à la tâche et poursuivre ses travaux en collaboration avec l’AIEA, a annoncé M. Cusi. C’est un grand pas en avant dans la mise en œuvre d'un programme philippin en matière d’énergie nucléaire ».

En Chine, 48 réacteurs de puissance sont en exploitation et 13 sont en chantier. Le président de l’Autorité chinoise de l'énergie atomique, Zhang Kejian, a expliqué dans une déclaration enregistrée en vidéo que l’électronucléaire était considéré comme un élément essentiel du bouquet énergétique du pays et une option fiable pour lutter contre le changement climatique et honorer les engagements de réduction des émissions.

« La Chine a adopté une stratégie de développement axée sur l’innovation, qui met l’accent sur la sûreté, la collaboration et le partage, a-t-il poursuivi. Nous avons mené des travaux de recherche-développement très pointus sur les petits réacteurs modulaires polyvalents afin d’accélérer leur utilisation dans les domaines du chauffage urbain, de l’approvisionnement en gaz industriel, du dessalement de l'eau de mer, etc. »

En France, la production d’électricité décarbonée est un atout majeur pour la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris. « Le nucléaire restera la pièce maîtresse de la stratégie de transition énergétique française, a déclaré l’Administrateur général du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), François Jacq. Les problèmes climatiques nous forcent à réduire notre consommation d’énergie – en particulier de combustibles fossiles – et à renforcer les modes de production d’électricité à faible émission de carbone, comme les énergies renouvelables et l'énergie nucléaire. »

Un enregistrement de la séance d’ouverture est disponible sur Facebook. Découvrez la dernière édition du Bulletin de l’AIEA sur l’électronucléaire. Suivez la Conférence générale et les débats du Forum scientifique sur les médias sociaux avec le mot-dièse #IAEAGC.

Les travaux du Forum se poursuivront au cours de quatre séances, réparties sur les deux jours qui viennent.

Aperçu des séances

Séance 1 : Innovations pour la transition vers une énergie propre

La première séance sera essentiellement consacrée aux innovations scientifiques et technologiques dans le secteur de l’énergie nucléaire qui contribuent à la réalisation des objectifs climatiques et des objectifs de développement. Le rôle actuel de l’électronucléaire dans la transition vers une énergie propre sera également examiné et l’accent sera mis sur les progrès destinés à appuyer l’exploitation à long terme des réacteurs comme complément à la part croissante des sources d’énergies renouvelables intermittentes.

Séance 2 : Mettre la barre plus haut : l’énergie nucléaire pour une « décarbonation profonde »

Il est nécessaire de réduire les émissions liées à la production d’électricité mais aussi à la consommation énergétique dans les secteurs industriels essentiels. Cette séance permettra de montrer comment l’électronucléaire peut favoriser cette « décarbonation profonde » en prenant en charge le chauffage industriel et le chauffage urbain, en assurant le dessalement de l’eau de mer en vue de sa consommation dans des régions arides et en produisant de l’hydrogène pour tout un éventail d’utilisations, ce qui devrait ouvrir la voie à des émissions nettes nulles.

Séance 3 : Innovations pour un avenir durable : gérer le cycle de vie de l’énergie

Les effets externes de la production d’énergie nucléaire et leur gestion, notamment les méthodes d’entreposage et de stockage définitif du combustible nucléaire usé, seront examinés au cours de cette séance. Il sera également question des innovations concernant le cycle du combustible nucléaire, qui pourraient permettre de relever encore le niveau de recyclage et de réduire le volume et la toxicité des déchets de haute activité.

Séance 4 : Progresser dans la transition vers une énergie propre

Cette séance portera sur les obstacles qui entravent le recours accru à l’électronucléaire, notamment les considérations financières. Le rôle de l’AIEA dans la promotion de l’innovation technologique et dans le transfert de ces techniques aux États Membres sera également mis en avant.

Séance de clôture

La séance de clôture sera l’occasion de passer en revue les principales conclusions des débats et de suggérer de futures actions aux États Membres et à l’AIEA.

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