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À la recherche des eaux souterraines : des doctorants du Sahel se rencontrent pour caractériser et comprendre l'eau

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Des étudiants participant à la première conférence doctorale de l'AIEA, le 11 mars à Vienne (Autriche). (Photo : J. O'Brien)

Faire en sorte qu'il y ait suffisamment d'eau douce pour les 135 millions de personnes de l'une des régions les plus sèches de la planète, tel était le thème de la toute première conférence de l'AIEA à l’intention des doctorants, le mois dernier. Seize participants de la région du Sahel, en Afrique, ont présenté leurs travaux sur l'amélioration de la gestion des ressources en eau à l'aide des techniques d'hydrologie isotopique, et les résultats obtenus.

Au cours de cette réunion d'une journée, les jeunes chercheurs ont examiné des solutions applicables au Sahel, où la demande en eau des ménages devrait quadrupler d'ici à 2050 et celle de l’industrie être multipliée par neuf. Les ressources en eaux souterraines continueront d'être utilisées pour répondre à cette demande croissante.

Cette conférence doctorale faisait partie d'un projet de coopération technique visant à aider treize pays d’Afrique à mieux comprendre et gérer les ressources en eau partagées du Sahel. Appuyés par ce projet, des étudiants du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Ghana, du Nigeria, de la République centrafricaine, du Sénégal, du Tchad et du Togo travaillent à leur doctorat ou à leur post-doctorat et deviendront des experts capables de déterminer l'origine, les schémas d'écoulement, la qualité et le taux de renouvellement des eaux souterraines à l'aide de techniques isotopiques (voir « En savoir plus »).  

« L'utilisation des isotopes pour dater et caractériser le potentiel qualitatif de l'eau m'a appris que les eaux souterraines sont une ressource stratégique et qu’il faut absolument les protéger », déclare Fricelle Song, une Camerounaise qui étudie dans une université de son pays et dans une université française. « Ce programme de doctorat m'aide à acquérir de nombreuses compétences, notamment des techniques d'analyse essentielles au bon fonctionnement du laboratoire de mon université. »

Pendant leurs études dans les universités partenaires à l'étranger – au Canada, au Ghana, en France, en Italie, au Maroc et en Tunisie – les étudiants du Sahel acquièrent une expertise supplémentaire et des compétences concernant le prélèvement d'échantillons sur le terrain et leur analyse dans des laboratoires isotopiques.

« Investir dans les personnes est le meilleur investissement que nous puissions faire. Cette conférence unique a servi de plateforme pour mettre en relation ces étudiants, leurs recherches et leurs pays », dit Neil Jarvis, le chef de section responsable du projet à l’AIEA.

Un des doctorants, le Camerounais Jeanot Fongoh Enoh, pendant un exercice sur le terrain où il apprend à différencier les types d'eau et à déterminer les sources de pollution. (Photo : Archives de J. F. Enoh)

Le projet de coopération technique actuel porte sur la caractérisation, la gestion et la surveillance des eaux souterraines par la collecte et l'interprétation de données, ainsi que sur la formation. Il fait fond sur un projet antérieur où des scientifiques d'Algérie, du Bénin, du Burkina Faso, du Cameroun, du Ghana, du Mali, de Mauritanie, du Niger, du Nigeria, de République centrafricaine, du Sénégal, du Tchad et du Togo ont appris à prélever des échantillons d’eau aux fins d'analyses isotopiques pour réaliser une étude approfondie des ressources en eaux souterraines.

S'appuyant sur la première phase du projet, achevée en 2017, ils ont analysé 2 000 autres échantillons d'eau provenant de différents aquifères de cinq grands systèmes aquifères transfrontières : le système aquifère d’Iullemeden, le système de Liptako-Gourma-Haute-Volta, le bassin sénégalo-mauritanien, le bassin du lac Tchad et le bassin de Taoudéni. Les résultats de cette analyse de l'eau ont fourni des informations cruciales pour la gestion des systèmes hydrologiques de ces bassins. « On ne peut gérer ce qu’on ne mesure pas. Les nouvelles données ont confirmé la présence de grandes quantités d'eau souterraine de bonne qualité », déclare Jodie Miller, chef de la Section de l'hydrologie isotopique de l'AIEA et présidente de la conférence doctorale. « C'est maintenant aux experts nationaux et régionaux, notamment à ces doctorants, de travailler ensemble pour comprendre et interpréter ces données. »

Le projet contribue également aux objectifs de l'Agenda 2063 de l'Union africaine et aux objectifs de développement durable à l’horizon 2030, de l'ONU, en particulier à l'objectif 6 : garantir l’accès de tous à l'eau et à l'assainissement et assurer une gestion durable de l'eau d'ici 2030. Selon le cadre d'accélération mondial de l’ONU, un des accélérateurs de la résolution de la crise de l'eau est d’améliorer l'accessibilité des données et des informations pour les décideurs.

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