Parlons sécurité nucléaire

La communication avec les non-experts, le public ou les médias sur des sujets qui touchent à la sécurité nucléaire exige de trouver un équilibre délicat entre la transparence et le respect de la confidentialité et de la sensibilité des informations. La tâche est d’autant plus ardue que le contenu et la terminologie du sujet sont particulièrement techniques, que l’on parle de protection physique ou de cybersécurité, ou encore de criminalistique nucléaire.

« Il peut être tout aussi difficile de communiquer sur la sécurité nucléaire que sur la sûreté nucléaire ou la radioprotection : les sujets sont techniquement complexes et nous devons tenir compte de l’anxiété et des craintes liées à l’énergie nucléaire, ainsi que de la désinformation », explique Cédric van Caloen, expert en affaires publiques et internationales à l’Agence fédérale belge de contrôle nucléaire (AFCN), l’organisme de réglementation de la Belgique chargé de la communication sur la sûreté nucléaire, la radioprotection et la sécurité nucléaire.

Au niveau international, l’AFCN s’est montrée particulièrement active dans la lutte contre les menaces internes, après le sabotage de la centrale nucléaire de Doel en 2014. « C’est un bon exemple d’un sujet sur lequel nous communiquons régulièrement », souligne M. van Caloen, faisant clairement référence à l’équilibre entre la transparence et la confidentialité. « Notre rôle est d’informer le public des risques et des mesures de sécurité d’une manière transparente, avec une certaine confidentialité nécessaire pour protéger les informations sensibles ».

L’Agence indonésienne de réglementation de l’énergie nucléaire (BAPETEN) définit deux publics principaux pour ses activités de communication : les organismes publics et le grand public. « Dans la pratique, les divisions techniques de la BAPETEN travaillent directement avec les organismes publics pour insister sur les risques d’incidents de sécurité nucléaire, l’équipement de détection des rayonnements et les conséquences d’une exposition aux rayonnements, ainsi que sur les objectifs de prévention et de détection des mesures de sécurité nucléaire », explique Retno Agustyah, spécialiste des relations publiques à la BAPETEN. « La division de la communication avec le public s’attache surtout à mieux sensibiliser aux avantages et aux risques du nucléaire, ce qui aide la BAPETEN à gagner la confiance des populations dans son travail de maintien de la sécurité nucléaire », ajoute-t-elle.

M^me Agustyah souligne que la diversité de la société indonésienne constitue un défi de taille en matière de communication sur la sécurité nucléaire. L’archipel compte 1 340 groupes ethniques, répartis entre 38 provinces, pour une population totale de 276 millions d’habitants. « Étant donné que 77 % de la population utilise Internet pour chercher les informations qui améliorent leur qualité de vie, la BAPETEN se sert de son site web officiel et des réseaux sociaux pour diffuser des informations compréhensibles sur la sécurité nucléaire en Indonésie, en plus d’organiser des réunions en présentiel », indique M^me Agustyah. « Notre objectif ultime est de savoir quelle stratégie, quels messages et quels canaux seront les plus efficaces pour transmettre des informations sur la sécurité nucléaire, afin de sensibiliser le public, de faciliter l’acceptation et de pouvoir prendre les mesures nécessaires ».

Bilal Mushtaq, responsable des interventions d’urgence à la Commission pakistanaise de l’énergie atomique, décrit ci-après la stratégie de communication de son pays pour les événements touchant à la sécurité nucléaire : « Il est essentiel d’informer le public pour maintenir l’ordre et atténuer les effets en cas d’événement de sécurité nucléaire. Le Pakistan dispose d’un système élaboré de communication claire et continue avec le public ». Il explique que le Centre d’appui en cas d’urgence nucléaire et radiologique (NURESC) du système de gestion des urgences nucléaires est conçu pour assurer la liaison avec l’exploitant, l’organisme de réglementation, l’autorité nationale de gestion des catastrophes et les autres parties prenantes. « En cas d’événement, le NURESC communique avec le public dans un langage simple et facilement compréhensible, par l’intermédiaire des canaux médiatiques appropriés ».

La communication sur la sécurité nucléaire est importante, car elle influe directement sur la confiance du public dans les applications de la science et de la technologie nucléaires utilisées à des fins pacifiques. Le rôle de l’AIEA dans la communication sur la sécurité nucléaire est décrit dans le Plan sur la sécurité nucléaire 2022-2025 et dans les résolutions sur la sécurité nucléaire de la Conférence générale de l’AIEA.

« Pour faire connaître le programme de sécurité nucléaire de l’AIEA et faire comprendre comment il aide les pays à assurer la sécurité nucléaire mondiale, il faut des stratégies de promotion et de sensibilisation ciblées », déclare Elena Buglova, directrice de la Division de la sécurité nucléaire à l’AIEA. « Une communication systématique peut contribuer à une amélioration plus poussée de la culture de sécurité nucléaire, et c’est l’une des principales raisons pour lesquelles les pays sont encouragés à partager leurs bonnes pratiques et à prendre part à des plateformes d’échange d’informations ».
Une communication efficace avec le public est essentielle pour démystifier la sécurité nucléaire. L’AIEA prévoit notamment de consacrer un module de formation à la communication avec le public sur la sécurité nucléaire à son Centre de formation et de démonstration en matière de sécurité nucléaire, en vue d’aider les pays à renforcer leurs capacités.