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Au cœur du travail de l’AIEA, la diversité fait la force

Emma Midgley, Vasiliki Tafili

Si la science et la technologie nucléaires ont tant d’applications pacifiques à offrir, c’est notamment grâce à tous les acteurs de la sécurité nucléaire. Des experts et professionnels des quatre coins du monde nous expliquent ici comment leur travail avec l’AIEA leur a permis d’améliorer le niveau d’expertise et de sécurité nucléaire dans leurs pays respectifs, afin de suivre le rythme des nouvelles applications pacifiques et ainsi de pouvoir concrétiser les objectifs de développement ayant trait à l’énergie propre, au traitement du cancer et à la science et à l’industrie.

Rômulo Lima, originaire du Brésil, est chef du Département juridique de la Commission nationale de l’énergie nucléaire. Ces dernières années, il a travaillé en étroite collaboration avec l’AIEA pour faciliter les missions menées dans le cadre du plan intégré de durabilité en matière de sécurité nucléaire et les ateliers régionaux, dans l’optique de promouvoir l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaires (A/CPPMN) dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes.

« Dans ces missions, je retrace l’expérience et présente le travail juridique du Brésil dans ce domaine et les avancées que le pays a pu faire en matière de sécurité nucléaire depuis qu’il a rejoint l’A/CPPMN », explique-t-il. Pour lui, le partage les données d’expériences du Brésil est un moyen efficace d’encourager d’autres pays à souscrire à l’Amendement et à améliorer leurs cadres juridiques et réglementaires de sécurité nucléaire.

« La création d’un organisme de réglementation indépendant, la ratification de l’A/CPPMN en 2022, la publication de règlements spécifiques et actualisés pour la protection physique des installations et matières nucléaires, et la mise en place d’un exercice d’évaluation de la menace au niveau national sont autant de preuves du travail des institutions concernées et de l’engagement du Brésil en faveur de la sécurité nucléaire », dit M. Lima, qui ajoute : « il ne fait aucun doute que le cadre juridique international auquel le Brésil a adhéré a aidé ce dernier à renforcer son cadre juridique et réglementaire national ».

Ángela Abadía Zapata, originaire de Colombie, travaille dans le domaine de la sécurité nucléaire depuis plus de 15 ans. Au cours de sa carrière, l’industrie nucléaire de son pays est passée du statut de bénéficiaire de l’aide de l’AIEA à celle d’une industrie capable de mettre des experts à disposition pour aider d’autres pays. Mme Zapata, qui travaille pour l’organisme colombien de réglementation, le Ministère des mines et de l’énergie, apporte une assistance technique en matière de sécurité nucléaire au niveau national et dispense des formations dans la région de l’Amérique latine et des Caraïbes, en particulier dans le domaine de la sécurité des sources radioactives pendant le transport.

Grâce à la formation de l’AIEA et à son expérience en Colombie, Mme Zapata est devenue une experte en sécurité nucléaire. Elle fournit aide d’autres pays et incite d’autres femmes à envisager une carrière dans ce domaine.

Mme Zapata a récemment apporté un appui technique pour aider à la rédaction de la législation relative au droit nucléaire en Colombie. Forte de son expérience dans cette industrie et de son statut de championne des femmes dans le nucléaire, elle a pu faire en sorte que l’on tienne compte des spécificités des genres.

« Le plus intéressant pour moi dans ce secteur, c’est que je peux non seulement mettre mes connaissances au service d’autres pays de la région, mais que j’ai également la possibilité de contribuer à la création d’un régime de sécurité nucléaire dans mon pays, dans le droit-fil des récentes initiatives mises en avant en Colombie, où divers secteurs envisagent d’inclure des technologies nucléaires de pointe », explique-t-elle.

« Depuis que j’ai commencé ma carrière dans le secteur nucléaire, j’ai remarqué que l’AIEA n’avait cessé d’aider la Colombie, que ce soit par la coopération technique, le renforcement des capacités ou la formation d’experts dans divers domaines, ou même encore via diverses missions adaptées aux capacités et besoins nationaux », ajoute-t-elle.

Norwenn Cayago Panganiban, originaire des Philippines, est boursière du programme Marie Skłodowska-Curie (MSCFP), une initiative de l’AIEA qui vise à aider la prochaine génération de figures féminines phares du nucléaire en leur proposant des bourses et des possibilités de stage. En 2023, Mme Panganiban a rejoint les bancs de l’École internationale sur la sécurité nucléaire, gérée par la CIPT et l’AIEA. « Le programme complet de l’école offre une vue d’ensemble contemporaine de la sécurité nucléaire, et m’a permis de me doter des compétences et des connaissances pratiques dont j’avais besoin pour jouer mon rôle de responsable de la radioprotection en milieu clinique, où les sources radioactives servent des fins diagnostiques et thérapeutiques. Je recommande vivement cette école, en particulier aux jeunes professionnels des pays en développement, car il s’agit d’une plateforme unique de mise en réseau, d’apprentissage et de collaboration », indique-t-elle.

Mme Panganiban explique que le soutien qu’elle a reçu de l’AIEA a façonné sa carrière dans le domaine nucléaire. « La formation rigoureuse et l’exposition aux meilleures pratiques internationales m’ont permis d’améliorer mes compétences techniques et de direction. En outre, avec la bourse MSCFP, j’ai pu accéder à un réseau d’appui, composé de pairs et de mentors, ce qui a ouvert la voie à de nouvelles possibilités et collaborations. Je suis reconnaissante pour les ressources et conseils que j’ai reçus, qui m’ont permis de contribuer activement aux efforts mondiaux en matière de sécurité nucléaire ».

En tant que professionnelle du secteur, Mme Panganiban est convaincue que la diversité favorise l’innovation et la résilience : « Les problèmes comme les préjugés sexistes et les stéréotypes persistent, mais ils me motivent d’autant plus à exceller et à œuvrer en faveur de l’inclusivité dans le secteur ».

Nirasha Rathnaweera fait partie d’une équipe d’experts qui évalue les alarmes de sécurité nucléaire au port de Colombo (Sri Lanka).

Principal port commercial du Sri Lanka, Colombo est un carrefour sur les grandes routes maritimes mondiales. Des milliers de transbordements – soit les opérations complexes qui consistent à transférer le fret ou des conteneurs d’un bateau à l’autre dans le cadre de la chaîne d’approvisionnement – y ont lieu chaque année.

Depuis 2006, le port utilise un système de contrôle radiologique pour vérifier le contenu des cargos d’importation, d’exportation et de transbordement afin de détecter les éventuelles matières nucléaires et autres matières radioactives faisant l’objet d’un trafic illicite.

« Le port de Colombo au Sri Lanka est un carrefour commercial clé, qui facilite une part substantielle du trafic grâce à sa situation stratégique sur les grandes routes maritimes. Mais par son importance, il a plus de risques d’être le théâtre d’actes de contrebande de matières nucléaires et autres matières radioactives », explique Mme Rathnaweera. « Pour contrer cette menace, il est impératif de disposer d’un solide programme de contrôle radiologique ».

Dans le cadre du projet de recherche coordonnée de l’AIEA intitulé « Amélioration de l’évaluation des alarmes initiales provenant d’instruments de détection des rayonnements », Mme Rathnaweera a aidé l’Agence à concevoir son outil TRACE d’évaluation des alarmes dues à des rayonnements et d’évaluation des produits, une application mobile qui aide les douaniers dans leur examen des alarmes.

« Les portiques fixes de détection des rayonnements utilisés au port émettent environ 1 970 alarmes par mois, dont beaucoup sont dues à des marchandises naturellement radioactives (ce que l’on appelle les « matières radioactives naturelles »). Les douaniers sri‑lankais utilisent aujourd’hui l’application mobile TRACE pour évaluer les alarmes de rayonnements. Son interface conviviale leur est particulièrement utile pour la formation du nouveau personnel », explique-t-elle.

05/2024
Vol. 65-1

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