You are here

L’accident de Fukushima Daiichi

Laura Gil

Bateau d’échantillonnage près de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.

(Photo : NRA)

Plusieurs facteurs sont à l’origine de l’accident survenu à Fukushima Daiichi le 11 mars 2011.

Premier facteur : séisme et tsunami

Lorsque le séisme de magnitude 9,0 a frappé la côte japonaise, les réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi se sont automatiquement mis à l’arrêt pour contrôler la fission nucléaire. Les lignes électriques ont été coupées, mais la centrale a réagi comme les concepteurs l’avaient prévu et le séisme en lui-même n’a pas causé d’autres problèmes. Il n’en va pas de même pour le tsunami qui s’en est ensuivi.

« Les réacteurs étaient résistants sur le plan sismique mais vulnérables aux hautes vagues du tsunami », explique Gustavo Caruso, Directeur du Bureau de la coordination de la sûreté et de la sécurité de l’AIEA.

Lorsque les vagues ont déferlé, les « murs anti-tsunami » érigés pour protéger la centrale se sont révélés trop petits pour retenir l’eau. Certaines structures ont cédé sous la force des vagues et l’eau de mer a pénétré dans la salle abritant les générateurs diesel, située plus bas et plus près de la mer que dans les autres centrales japonaises, endommageant les tranches 1, 2 et 3. 

« Malgré tous les efforts déployés, et alors que la structure de la centrale avait résisté au séisme, le tsunami a mis en échec le système de défense en profondeur, passant outre plusieurs niveaux de sûreté et provoquant la fusion du cœur des réacteurs 1, 2 et 3 », indique Gustavo Caruso.

Deuxième facteur : faiblesses de la conception

« Les générateurs diesel, essentiels au maintien de l’alimentation électrique de la centrale dans des situations d’urgence, ont été noyés », explique Pal Vincze, Chef de la Section du génie électronucléaire de l’AIEA.

Des batteries spéciales peuvent être utilisées pour assurer la production électrique si les générateurs diesel sont touchés, mais elles ont une capacité limitée et, dans le cas de Fukushima Daiichi, certaines étaient aussi noyées. « Les Japonais ont livré une lutte acharnée pour rétablir les systèmes électriques, mais cela n’a pas suffi », ajoute Pal Vincze.

Sans système de contrôle-commande opérationnel, sans électricité et sans capacité de refroidissement, le combustible surchauffé a fondu, coulé au fond des réacteurs et percé la cuve, provoquant la fusion du cœur de trois réacteurs. En outre, les registres de données et les systèmes vitaux relatifs aux paramètres de sûreté ont également été noyés, privant l’exploitant de toute possibilité de contrôler ce qui se passait à l’intérieur des réacteurs.

Troisième facteur : insuffisances dans la culture de sûreté

Comme indiqué dans le rapport de l’AIEA sur l’accident de Fukushima Daiichi, un « facteur majeur qui a contribué à l’accident a été le postulat largement répandu au Japon selon lequel les centrales nucléaires de ce pays étaient si sûres qu’un accident de cette ampleur était tout simplement impensable. Les exploitants des centrales nucléaires y adhéraient et ni les organismes de réglementation ni le gouvernement ne le remettaient en question. Par conséquent, en mars 2011, le Japon n’était pas suffisamment préparé à faire face à un accident nucléaire grave. »

Cet optimisme excessif constituait une sorte de postulat de base selon lequel la centrale pouvait résister à n’importe quel aléa, technologique ou naturel. Lors de la planification, de la conception et de la construction de la centrale, les experts n’ont pas tenu compte comme il se doit des données d’expérience issues des tsunamis passés.

« Les responsables pensaient que les centrales étaient suffisamment sûres et parfaitement aptes à faire face à des événements externes extrêmes », indique Gustavo Caruso. « Il faut préciser que la combinaison d’un séisme de cette magnitude et d’un tsunami est extrêmement rare, mais c’est malheureusement ce qui s’est produit », poursuit-il.

Quatrième facteur : défaillances du système réglementaire

L’accident de Fukushima Daiichi a mis en lumière certaines défaillances du cadre réglementaire japonais. D’après le rapport susmentionné, plusieurs organismes se partageaient les responsabilités et on ne savait pas toujours très bien qui était responsable de quoi. En outre, l’organisme de réglementation n’avait pas donné suite à certaines recommandations de l’AIEA en matière de sûreté, et certaines normes internationales n’étaient pas respectées.

Pour conclure, Gustavo Caruso tient à préciser que malgré l’endommagement du cœur et le rejet de matières radioactives dans l’environnement qui a suivi, aucun effet sanitaire n’a été imputé aux rayonnements, car « d’après les données sur les doses et les données de contrôle radiologique environnemental et individuel, les doses efficaces reçues par les personnes du public étaient très faibles et généralement comparables à la fourchette des doses efficaces reçues du fait des niveaux mondiaux du rayonnement de fond naturel ».

03/2021
Vol. 62-1

Suivez-nous

Lettre d'information