Stérilité héréditaire

Les hétérocères nuisibles peuvent être stérilisés avec des doses élevées de rayonnements. Des doses beaucoup plus faibles et moins débilitantes entraînent cependant une stérilité héréditaire chez leur descendance. Des mâles lâchés possédant le caractère de stérilité héréditaire réduisent beaucoup plus largement les populations sauvages qu’un nombre équivalent de mâles entièrement stériles.

Comme la technique de l’insecte stérile, la stérilité héréditaire fait appel à l’élevage de masse et au lâcher d’insectes irradiés pour faire en sorte qu’une forte proportion des accouplements mette en jeu un insecte stérilisé. Les insectes ciblés sont irradiés aux rayons gamma et aux rayons X, ce qui entraîne chez eux une stérilité héréditaire. Les recherches ont montré que les descendants de ces insectes sont plus stériles que leur génération parentale.

Cette technique est principalement utilisée sur les lépidoptères nuisibles, un ordre comprenant les hétérocères et d’autres papillons. Certains de ces organismes nuisibles ont une radiorésistance - laquelle décrit le niveau de rayonnements ionisants que peut supporter un organisme - très élevée. Des études menées sur les carpocapses des pommes et des poires (Cydia pomonella) ont montré que lorsque les mâles exposés à des doses de rayonnement inférieures à celles entraînant la stérilité héréditaire s’accouplent avec des femelles fertiles vierges, ils produisent moins de descendants, lesquels sont pour la plupart complètement stériles.

En collaboration avec la FAO, l’AIEA aide les États Membres à élaborer et à adopter des technologies basées sur le nucléaire afin d’optimiser des pratiques de gestion des insectes nuisibles dans le secteur de l’agriculture qui appuient l’intensification de la production végétale et la préservation des ressources naturelles.

Recours à un phénomène génétique pour la lutte contre les insectes ravageurs

Les traits communs en cas de stérilité héréditaire chez les lépidoptères sont les suivants :

  • Les descendants mâles et femelles sont plus stériles que la génération parentale qui a été irradiée.
  • Il y a davantage de mâles que de femelles dans la descendance.
  • Le temps de développement est plus long et la qualité du sperme des descendants est moins bonne.

Le phénomène génétique unique entraînant la stérilité héréditaire chez les lépidoptères et certains autres arthropodes présente des avantages en matière de lutte contre les organismes nuisibles par rapport à la stérilité complète. Les lépidoptères femelles sont généralement plus sensibles aux rayonnements que les mâles de la même espèce. Cela permet d’ajuster la dose de rayonnement pour stériliser complètement les femelles traitées et partiellement les mâles. Lorsque ces mâles partiellement stériles s’accouplent avec des femelles sauvages, la génération suivante hérite des effets nocifs des rayonnements. Dans le même temps, la dose réduite de rayonnements utilisée pour induire la stérilité améliore la qualité et la compétitivité des insectes lâchés.

Des programmes de lâcher, sur le terrain, d’hétérocères irradiés dans le cadre de la TIS ou d’une approche de stérilité héréditaire sont mis en œuvre depuis les années 1960. Le ver rose de la capsule du cotonnier, Pectinophora gossypiella, a été maîtrisé avec succès depuis 1969 dans les régions cotonnières de la vallée de San Joaquin, en Californie, et est en cours d’éradication dans celles du sud-ouest des États-Unis d’Amérique et du nord-ouest du Mexique. Depuis le début des années 1990, la population de carpocapses des pommes et des poires a été réduite avec succès dans les régions de production de la vallée de l’Okanagan, en Colombie‑Britannique (Canada), et des pays tels que l’Argentine, le Brésil et l’Afrique du Sud ont mis en place des plans ou des programmes de lutte contre cet insecte nuisible. En Nouvelle‑Zélande, des épidémies d’orgyies de la pomme australienne, Teia anartoides, ont été éradiquées. Au Mexique, des épidémies de pyrale du cactus, Cactoblastis cactorum, ont été enrayées, et les États-Unis d’Amérique maîtrisent leur progression sur la côte du Golfe du Mexique. L’Afrique du Sud a mis en place un programme visant à réduire le ver rose du cotonnier, Thaumatotibia leucotreta, dans les vergers d’agrumes.

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