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Des drones peuvent contribuer à la lutte contre la dengue et la maladie à virus Zika, selon une étude de l’AIEA

22/2020

Au moyen de drones, il est possible d’utiliser la technique de l’insecte stérile pour lutter contre les moustiques (Photo : WeRobotics)

L’utilisation de drones peut accroître considérablement l’efficacité et la rentabilité d’une technique dérivée du nucléaire employée pour lutter contre des vecteurs de maladies. Cette découverte constitue une avancée majeure car elle permettrait de lutter à grande échelle contre les moustiques qui transmettent la dengue et le virus Zika.

L’étude, publiée dans la revue Science Robotics, porte sur l’utilisation de drones pour transporter et relâcher des moustiques préalablement soumis à la technique de l’insecte stérile (TIS), employée avec succès au Sénégal, au Maroc et dans divers pays à travers le monde pour lutter contre les insectes ravageurs, tels que la mouche tsé-tsé et la mouche des fruits méditerranéenne. Ces dernières années, les scientifiques de l’AIEA et d’institutions partenaires ont étudié la possibilité d’élargir l’utilisation de la TIS aux moustiques.

La TIS est une méthode de contrôle des naissances qui consiste à élever des mâles en masse et à les stériliser à l’aide de rayonnements pour ensuite les lâcher dans la nature. Lorsqu’ils s’accouplent avec les femelles sauvages, il n’y a pas de descendance, ce qui entraîne une diminution de la population de l’espèce au fil du temps.

Cette méthode implique de lâcher systématiquement un très grand nombre de mâles stériles de bonne qualité. Le prototype de drone permet de transporter 50 000 moustiques par vol et de les lâcher indemnes au-dessus d’une zone de 20 hectares en 10 minutes seulement.  

« Cette découverte constitue une percée importante pour l’utilisation de la TIS contre les moustiques », déclare Jérémy Bouyer, principal auteur de l’étude et entomologiste de la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture.  

Contrairement à d’autres insectes, les moustiques sont fragiles et peuvent subir des traumatismes s’ils sont lâchés par avion ou gyrocoptère, habituellement utilisés dans le cadre de cette technique. Avant l’arrivée des drones, les moustiques irradiés étaient généralement relâchés au sol, processus lent et coûteux.

« Au sol, il faudrait deux heures et deux fois plus de ressources humaines pour faire le travail qu’un drone fait en dix minutes de vol », explique Jérémy Bouyer. « Nous espérons que l’utilisation de drones permettra de réduire considérablement les coûts d’exploitation tout en maintenant la qualité des insectes stériles ».

Ces drones permettraient d’élargir l’utilisation de la TIS et d’alléger la charge que les maladies transmises par des vecteurs fait peser sur les systèmes de santé. Selon l’OMS, elles représentent 17 % des maladies infectieuses et causent plus d’un million de décès chaque année dans le monde.

L’AIEA a conçu cette nouvelle méthode en partenariat avec la FAO et l’organisme à but non lucratif WeRobotics. Des essais sur le terrain ont été menés autour de Juazeiro, dans l’État de Bahia (Brésil), avec le soutien du programme brésilien Moscamed.

Selon Jérémy Bouyer, les tests ont révélé que les moustiques stérilisés avaient la vigueur nécessaire pour entrer en compétition avec les autres mâles et s’accoupler avec des femelles sauvages. « L’étude a montré que si nous maîtrisons les processus d’élevage en masse et de transport, les mâles irradiés peuvent être très compétitifs ».

En outre, l’AIEA s’efforce d’automatiser l’étape de séparation des mâles et des femelles lors de l’élevage en masse. Ce processus de sexage est crucial : il est indispensable de ne pas lâcher de femelles car elles piquent et transmettent les maladies. Actuellement, cette opération est effectuée manuellement et entraîne des dépenses considérables.

Enfin, l’AIEA et ses partenaires cherchent à mettre au point un drone plus petit, qui pourrait transporter jusqu’à 30 000 moustiques. D’après Jérémy Bouyer, ce serait une innovation majeure car un drone plus léger remplirait les conditions requises pour le survol des zones urbaines présentant une forte population de moustiques Aedes

L’AIEA et l’OMS recueilleront des données épidémiologiques sur l’efficacité de cette variante de la TIS en vue de son application à grande échelle pour faire diminuer le nombre de contaminations à certaines maladies transmises par les moustiques, notamment la dengue.

 

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