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Le Maroc met en place un réseau de surveillance des insectes ravageurs pour lutter contre la mouche méditerranéenne des fruits

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Les espèces invasives de mouches des fruits telles que la mouche orientale des fruits (Bactrocera dorsalis, Hendel) menacent l’économie du Maroc. (Photo : A. Rodriguez)

La culture et l’exportation des agrumes jouent un rôle considérable dans l’économie du Maroc, mobilisant plus de 13 000 agriculteurs et travailleurs agricoles et générant 300 millions de dollars d’exportations par an. Mais un insecte ravageur menace la croissance et la prospérité du secteur : la mouche méditerranéenne des fruits.

L’AIEA, en coopération avec l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a aidé le Maroc à remporter sa première victoire dans le combat qu'il livre à cet insecte. Dans le cadre d'un projet technique de l’AIEA, des contreparties marocaines ont reçu la formation et le matériel nécessaires pour détecter et contrer les incursions d’autres ravageurs, condition préalable à l’élimination de la mouche méditerranéenne des fruits au moyen de la technique de l’insecte stérile (TIS), une technique nucléaire respectueuse de l’environnement et susceptible de réduire ou d’éliminer les insectes ravageurs. En l’absence de système tenant les autres ravageurs à l’écart, si la TIS parvient à éliminer la mouche méditerranéenne des fruits, c’est une autre espèce qui la remplacera dans les vergers d’agrumes.

« Certaines espèces sont tout aussi coriaces. Il serait contreproductif de leur donner une chance de s’installer et un avantage en éliminant la mouche méditerranéenne des fruits », explique Walther Enkerlin, spécialiste à la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture.

La présence des mouches méditerranéennes dans les vergers et les exploitations agricoles a nui aux exportations d’agrumes du Maroc : le rendement a diminué à cause des dégâts directs aux fruits et les coûts de production ont augmenté à cause de l’utilisation d’insecticides et des traitements après récolte nécessaires aux exportations.

En outre, les agriculteurs ont subi des pertes indirectes dues aux quarantaines imposées par les pays importateurs et ont dû supporter les coûts environnementaux des insecticides traditionnels à large spectre. Or, l’Union européenne, principal marché d’exportation des agrumes marocains, ne cesse de réduire les niveaux acceptables de résidus de pesticides dans les fruits et légumes, soucieuse de la sécurité sanitaire des aliments.

Production et lâcher d’insectes stériles

Économique et respectueuse de l’environnement, la technique de l’insecte stérile consiste à élever et à stériliser en masse des insectes qui sont ensuite lâchés dans les airs en continu au-dessus des zones infestées. À cette fin, le Gouvernement et des producteurs ont entrepris de construire une installation capable de produire, de stériliser et de lâcher des mouches mâles stériles. Par des formations, des visites d’experts et du matériel, l’AIEA et la FAO appuient la mise en place de l’installation construite près d’Agadir, au cœur de la région productrice d’agrumes du Maroc. Cette installation d’élevage en masse devrait produire au moins 100 millions de mouches stériles par semaine, ce qui suffira à couvrir les 180 000 hectares où poussent la plupart des agrumes sauvages et commerciaux, dans la vallée de Souss, explique M. Enkerlin.

L’utilisation de la TIS sur une zone aussi vaste doit se faire de manière séquentielle ; la zone a donc été divisée en secteurs. L’exploitation de l’installation, la production des mouches stériles et leur lâcher devraient commencer au début de 2020 et l’élimination des ravageurs se fera progressivement, secteur par secteur, jusqu’à leur élimination totale.

Surveiller les autres mouches

Cependant, il ne suffit pas de maîtriser les mouches méditerranéennes des fruits. D’autres espèces invasives présentes dans les pays voisins, telles que la mouche de la pêche et la mouche orientale des fruits, pourraient compromettre les efforts d’éradication de la mouche méditerranéenne.

Pour atténuer ce risque, l’AIEA a aidé le Maroc à mettre au point un système de détection rapide des incursions d’espèces invasives de mouches des fruits et d’intervention d’urgence. Elle a organisé un transfert de technologies appropriées, notamment de systèmes mondiaux de localisation (GPS) pour établir des cartes et de systèmes d’information géographique (SIG) pour analyser des données, et des formations, permettant aux contreparties de l’Office marocain de sécurité sanitaire des produits alimentaires de lancer une campagne de prévention de l’incursion de ces ravageurs invasifs dans toute la zone.

Le Maroc a donc réussi à déployer un réseau national de surveillance pour la détection rapide de nouvelles espèces de mouche des fruits, et l’Office de sécurité sanitaire des produits alimentaires a mis en place les capacités nécessaires à une intervention d’urgence en cas de nouvelle incursion de ravageurs.

Le réseau de surveillance se compose de huit sites considérés comme des points d’entrée à haut risque, situés le long des frontières du pays, et comportant au total 94 pièges. Des pièges ont également été placés dans 19 sites supplémentaires considérés comme sites à risque, notamment des marchés aux fruits, des sites touristiques et certains vergers à proximité de zones à risque.

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