Talatabely, Madagascar – Joseph Randriarimalala et Bodonirina Rasoloarisoa, couple d’agriculteurs du centre-est de Madagascar, ont remarqué que leur terrain d’un demi-hectare devenait de moins en moins fertile et produisait de moins en moins. Ils ne savaient pas quoi faire car ils ne comprenaient pas pourquoi. Maintenant oui : cette dégradation résulte d’une érosion croissante due aux méthodes agricoles qu’ils emploient sur ce terrain vallonné.
« Nous plantions nos graines sur la pente, en utilisant des machines pour retourner le sol. Nous avons ainsi endommagé la couche supérieure du sol, sa partie plus fertile », dit Randriarimalala. Des scientifiques de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN Madagascar) ont employé une technique isotopique pour évaluer l’érosion de leur terrain (voir l’article Fallout radionuclides help to assess soil erosion) et utilisé les résultats pour conseiller des agriculteurs en pareille situation dans tout le pays.
Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), un tiers environ des sols de l’île sont dégradés, en grande partie par l’érosion. L’érosion appauvrit le sol mais touche aussi les écosystèmes terrestres et leur diversité biologique, et lorsque le sol érodé arrive dans les cours d’eau et dans les lacs, il affecte également la viabilité des écosystèmes aquatiques. Il importe donc de définir des stratégies de préservation efficaces, dit Emil Fulajtar, spécialiste des sols à la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture, qui a conseillé le scientifique de l’INSTN sur ce point. Des isotopes ont été utilisés pour déterminer les zones d’érosion et l’effet des stratégies de préservation.
Les études ont révélé que dans les Hautes Terres, au centre de l’île, plus de dix tonnes par hectare de terre arable sont perdues chaque année sur des pentes non protégées à cause des pratiques agricoles, du manque de protection du sol et de causes naturelles telles que le vent et les fortes pluies. Les chercheurs de l’INSTN ont recommandé aux agriculteurs d’adopter la culture en terrasses, où la perte de sol fertile mesurée n’était que de 5 tonnes par hectare et par an, dit Naivo Rabesiranana, qui a dirigé la recherche à l’Institut. « Ça reste beaucoup par rapport aux zones de forêt mais c’est déjà beaucoup moins qu’avant », ajoute-t-il.