Antananarivo, Madagascar – Avec de nouveaux équipements d’une valeur de plus de 600 000 € ayant été officiellement remis au Gouvernement malgache hier, le pays dispose à nouveau d’une gamma-caméra qui fonctionne aux fins de l’imagerie nucléaire, et ses experts dans de nombreux domaines, de la science du sol à l’hydrologie isotopique en passant par la recherche minière, peuvent mener des travaux de recherche de pointe pour contribuer à la réalisation des objectifs de développement du pays.
« Le Gouvernement malgache s’emploie sans réserve à mettre à profit l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire et à faire bénéficier la population de ses nombreux avantages », déclare la Ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Blanche Nirina Richard. « Le pays a déjà tiré de nombreux avantages concrets de ces travaux et de notre coopération avec l’AIEA. »
Ainsi, ont pu être menées une étude complète de la nappe phréatique dans le Sud-Est du pays, région aride de Madagascar, à l’aide de techniques isotopiques, et l’identification de zones où les recharges en eaux souterraines sont fréquentes et, par conséquent, peuvent être mises à profit pour l’eau de boisson et l’irrigation. « Cela a contribué à revitaliser l’agriculture dans la région », explique Joël Rajaobelison, Directeur général de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (Madagascar-INSTN). Le laboratoire d’hydrologie isotopique de l’INSTN comptait parmi ceux qui ont reçu hier de nouveaux équipements et consommables.
Le plus gros appareil, et aussi le plus cher, est la gamma-caméra, destinée à un hôpital de la périphérie de la capitale Antananarivo. Il permettra aux médecins d’établir chaque jour un diagnostic pour plus de 20 personnes chez qui l’on suspecte un cancer ou diverses autres maladies non transmissibles. La gamma-caméra sert en médecine nucléaire à effectuer des scanners de diverses parties du corps. Elle génère une image à partir d’infimes quantités de rayonnements émis par des traceurs introduits dans le corps du patient.
« Avec cet appareil, nous pouvons repérer des métastases osseuses au moins neuf mois plus tôt qu’avec d’autres techniques, comme les rayons X, ce qui est très utile pour la prise en charge du patient », déclare Rasata Ravelo, chef du service de médecine nucléaire à l'hôpital d’Andohatapenaka.
La gamma-caméra dont disposait l’hôpital auparavant, fournie par un donateur privé, était tombée en panne et n’était plus utilisée depuis 2017.
Dans le cadre de son programme de coopération technique et avec le concours de médecins qualifiés, l’AIEA aidera l’hôpital à mettre la nouvelle gamma-caméra en service et a prévu une formation à l’intention des médecins et du personnel technique en vue de faciliter l’utilisation sûre et efficace de cet appareil.
« Il est tout aussi important de dispenser une formation complémentaire aux chercheurs que de fournir des équipements », affirme Abdou Ndiath, responsable de la gestion de projets à l’AIEA travaillant avec Madagascar. « Nous appuyons la réalisation des objectifs de développement du pays dans le cadre d’interventions complexes. »
« Plus de 500 experts malgaches ont participé à des cours, à des programmes de bourse et à des visites scientifiques au cours des dix dernières années », indique Abdou Ndiath. C’est notamment le cas de Toky Mirindra Andriambarimanana, jeune spécialiste de la radioprotection qui a obtenu hier un master en sécurité nucléaire à l’INSTN. Dans le cadre de sa formation, il a participé le mois dernier, au Maroc, à un cours de l’AIEA sur la sécurité nucléaire. « Alors que la quantité de matières radioactives augmente à Madagascar, nous devons veiller à ce que celles-ci soient bien protégées », explique-t-il. Travaillant pour le service national d’incendie, en tant qu’expert en sécurité nucléaire, il a participé à la protection du pape François lors de la visite de celui-ci dans le pays le mois dernier. La sécurité nucléaire s’inscrit dans les mesures habituelles mises en place lors des grandes manifestations publiques.
Sambatra Rosa Randivoson, également diplômée hier, est aussi spécialiste de la radioprotection et fait fonctionner l’appareil de radiothérapie d’un hôpital. « Grâce à mon diplôme en sécurité nucléaire, je vais pouvoir contribuer à l’utilisation non seulement sûre mais aussi sécurisée des sources de rayonnements », se réjouit-elle.
« L’AIEA va continuer d’aider les experts et le Gouvernement », déclare Abdou Ndiath qui, au cours des prochains jours, va travailler avec les contreparties dans tout le pays à l’élaboration du nouveau Programme-cadre national de Madagascar, en veillant à ce que l’aide de l’AIEA reste en adéquation avec les objectifs de développement du Gouvernement.