Pour la toute première fois, l’AIEA va aider des experts en nutrition des Nations Unies à réévaluer les besoins énergétiques humains. Il s’agit là d’un indice essentiel pour mesurer la faim dans le monde, dont la dernière évaluation remonte à 2001.
Dans le cadre de sa collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), entre autres, l’AIEA mettra à disposition ses compétences et des données de science nucléaire en vue de combler les lacunes dans les connaissances et le calcul des besoins caloriques et nutritionnels.
« Les besoins énergétiques sont un paramètre important dans les calculs utilisés pour rendre compte de l’état d’avancement de l’objectif de développement durable 2 (faim « zéro »), en particulier la sous-alimentation. Il est crucial de réexaminer périodiquement la base de ces calculs en vue de déterminer si des ajustements sont nécessaires », déclare Mme Lynnette Neufeld, directrice de la Division de l’alimentation et de la nutrition de la FAO.
L’année dernière, plus de 700 millions d’hommes, de femmes et d’enfants ont souffert de la faim. Sans des efforts plus soutenus et mieux ciblés, l’objectif de mettre fin à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition dans les délais prévus par le Programme de développement durable à l’horizon 2030 restera un objectif hors de portée.
Selon le récent rapport des Nations Unies sur l’État de la sécurité alimentaire et de la nutrition dans le monde (SOFI 2024), la dénutrition (forme de malnutrition qui recouvre l’émaciation, le retard de croissance, l’insuffisance pondérale et les carences en vitamines et en minéraux) demeure en particulier un défi pressant à relever. En 2023, environ 50 millions de personnes en Afrique centrale et australe, et 44 millions en Afrique de l’Ouest et au Sahel, ont fait face à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë. Les pays francophones de ces régions, tels que la République démocratique du Congo et le Burkina Faso, figurent parmi les plus durement touchés avec des millions de personnes peinant à accéder à une alimentation suffisante et nutritive. Cette situation est exacerbée par des facteurs tels que les conflits, les chocs économiques et les changements climatiques. (Source : FSIN and Global Network Against Food Crises, 2024)
Si les tendances actuelles perdurent, on estime que 528 millions de personnes dans le monde souffriront de sous-alimentation chronique d’ici la fin de la décennie. Cela étant, pour veiller à la mise en place d’une action efficace, les politiques et les interventions doivent reposer sur des données précises. Pour ce faire, l’AIEA, la FAO, l’OMS et d’autres experts dans le monde ont passé en revue les connaissances scientifiques actuelles concernant les besoins énergétiques du corps humain lors d’une réunion de consultation organisée au siège de l’AIEA, à Vienne, en juin dernier.