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Mise à jour 20 – Déclaration du Directeur général de l’AIEA sur la situation en Ukraine

32/2022
Vienne (Autriche), publié à 20h50, heure d’Europe centrale

L'Ukraine a informé aujourd'hui l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) que des équipes de spécialistes ukrainiens étaient parvenus à réparer une ligne électrique nécessaire à la reprise de l’alimentation électrique externe de la centrale nucléaire de Tchornobyl, quatre jours après une coupure totale sur le site contrôlé par la Russie, a déclaré le Directeur général Rafael Mariano Grossi.

C’est le chef de la société ukrainienne d'énergie nucléaire Energoatom, Petro Kotin, qui a annoncé la nouvelle au Directeur général, ajoutant que les spécialistes avaient réparé l'une des deux lignes endommagées et pourraient maintenant fournir toute l'énergie extérieure nécessaire à la centrale, où diverses installations de gestion des déchets radioactifs se trouvent depuis l'accident de 1986.

L’organisme de réglementation ukrainien a informé séparément l'AIEA que la ligne d'alimentation électrique avait été rétablie à 18 h 38, heure d’Europe centrale, par le personnel de réparation d'Ukrenergo, l’opérateur du réseau de transport national. La centrale nucléaire de Tchornobyl continue de fonctionner avec des groupes électrogènes diesel de secours et sera à nouveau connectée au réseau électrique ukrainien dans la matinée, a-t-il déclaré.

Comme indiqué  précédemment, la déconnexion du réseau, survenue la semaine dernière, n’a pas eu d’effet majeur sur les fonctions de sûreté essentielles au site, puisque la quantité d’eau de refroidissement de l’installation d’entreposage du combustible usé suffisait pour assurer l’évacuation de la chaleur sans alimentation électrique.

« C’est une évolution positive car la centrale nucléaire de Tchornobyl dépendait de groupes électrogènes diesel de secours depuis maintenant plusieurs jours », a déclaré le Directeur général, M. Grossi. « Je reste toutefois vivement préoccupé par la sûreté et la sécurité de Tchornobyl et des autres installations nucléaires de l'Ukraine ».

Plus tôt dans la journée, l'organisme de réglementation ukrainien a informé l'AIEA que le personnel de la centrale nucléaire de Tchornobyl n'assurait plus la réparation ni la maintenance du matériel lié à la sûreté, en partie parce qu'il est fatigué physiquement et psychologiquement après avoir travaillé en continu pendant près de trois semaines.

Les 211 membres du personnel technique et les gardes n'ont toujours pas pu être relevés depuis la veille de l'entrée des forces russes sur le site, le 24 février, a indiqué l'organisme de réglementation, qui s’est également dit inquiet de la sécurité du personnel en cas de transport hors de la zone d'exclusion créée après l'accident. L'organisme de réglementation n'a pas de communication directe avec le personnel mais reçoit des informations de la direction de la centrale hors site.

Le Directeur général, M. Grossi, a déclaré que la situation de plus en plus critique du personnel de l'installation, ainsi que les problèmes persistants de communication avec le site et le problème d'alimentation électrique maintenant résolu, rendaient encore plus urgente une initiative de l'AIEA visant à garantir la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires ukrainiennes.

Le Directeur général a proposé un cadre qui permettrait à l'AIEA de fournir une assistance technique et autre pour l'exploitation sûre et sécurisée de toutes les installations nucléaires d'Ukraine. Il en a discuté la semaine dernière avec les ministres ukrainien et russe des affaires étrangères, MM. Dmytro Kuleba et Sergei Lavrov.

« Nous ne pouvons plus perdre de temps. L'AIEA est prête à agir immédiatement, sur la base du cadre que nous proposons et dont la mise en œuvre nécessite l'accord préalable des parties au conflit. Nous ne pouvons prêter assistance aux sites nucléaires ukrainiens qu'après signature de l'accord. Je fais tout ce que je peux pour que cela se fasse très bientôt », a-t-il déclaré.

L'AIEA prépare actuellement des propositions techniques détaillées pour son assistance, fondées sur les sept piliers indispensables de la sûreté nucléaire que le Directeur général a exposés au début du mois lors d'une réunion du Conseil des gouverneurs de l'AIEA.

Ces piliers - notamment ceux concernant l'intégrité physique des installations nucléaires, la possibilité pour le personnel d'exploitation de prendre des décisions sans pression indue, la sécurité de l'alimentation électrique hors site et la fiabilité des communications avec l'organisme de réglementation - ont été compromis ou menacés durant le conflit qui a débuté le 24 février.

L'organisme de réglementation ukrainien a également informé l'AIEA aujourd'hui qu'il surveillait de près la situation dans la zone d'exclusion de la centrale nucléaire de Tchornobyl à l'approche de la « saison des feux », lors de laquelle, chaque année, de fréquents incendies spontanés surviennent dans la zone, toujours contaminée par les matières radioactives de l'accident survenu il y aura 36 ans le mois prochain.

En ce qui concerne la centrale nucléairede Zaporizhzhia, contrôlée par les forces russes depuis le 4 mars, l'organisme de réglementation a indiqué que la situation de l'alimentation électrique n'avait pas changé. La centrale dispose de quatre lignes électriques hors site à haute tension (750 kV), plus une ligne en réserve. Deux des quatre lignes ont été endommagées. L’organisme de réglementation a informé l’AIEA que les besoins en électricité hors site de la centrale pouvaient être satisfaits avec une seule ligne électrique et que des groupes électrogènes diesel étaient prêts à fournir une alimentation électrique de secours.

L’Ukraine a précédemment informé l'AIEA que le personnel régulier continuait à exploiter la centrale de Zaporizhzhia et à effectuer son travail quotidien mais que la gestion était sous le contrôle du commandant des forces russes sur place. Dans sa mise à jour d'aujourd'hui, l'organisme de réglementation a déclaré avoir été informé par le personnel du site qu'au moins 11 représentants de l'entreprise publique russe Rosatom étaient également sur place mais n’intevenaient pas dans l’exploitation des installations nucléaires. Le Directeur général, M. Grossi, a souligné a plusieurs reprises que la situation actuelle constituait une violation manifeste de l’un des sept piliers indispensables, selon lequel « le personnel d’exploitation doit pouvoir s’acquitter de ses tâches liées à la sûreté et à la sécurité, et pouvoir prendre des décisions sans pression indue ».

L'organisme de réglementation a également indiqué à l'AIEA qu'il ne pouvait plus superviser indépendamment la sûreté réglementaire du site de la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, notamment parce que ses locaux de travail ont été endommagés le 4 mars. Il reste cependant en contact permanent avec le site, un élément important des sept piliers de la sûreté.  

En ce qui concerne la situation des centrales nucléaires ukrainiennes en service, l’organisme de réglementation a indiqué que huit des 15 réacteurs du pays restaient en exploitation, dont deux à la centrale de Zaporizhzhia, trois à Rivne, un à Khmelnytskyï et deux à la centrale d’Ukraine du Sud. Les niveaux de rayonnement restent normaux et les systèmes de sûreté sont intacts, a-t-il ajouté.

En ce qui concerne les garanties, l'Agence a déclaré qu'elle ne recevait toujours pas de transmission de données à distance de ses systèmes de surveillance installés dans la centrale nucléaire de Tchornobyl mais que celles des autres centrales nucléaires d'Ukraine parvenaient bien au siège de l'AIEA.

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Dernière mise à jour : 14/03/2022

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