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Qu’est-ce que l’uranium ?

Le nucléaire expliqué
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L’uranium est un élément essentiel à la production de combustible nucléaire, lequel est utilisé dans les réacteurs nucléaires de puissance du monde entier. (Image : A. Vargas/AIEA) 

L’uranium est un élément radioactif naturel qui porte le numéro atomique 92 et correspond au symbole chimique U dans le tableau périodique. Il appartient à un groupe spécial d’éléments découverts relativement tard dans l’histoire : les actinides. Comme tous les autres actinides, l’uranium est « radioactif » : il se désintègre avec le temps en libérant de l’énergie au cours du processus. Les propriétés particulières de l’uranium en font la principale source de combustible des réacteurs nucléaires. Une quantité d’uranium de la taille d’un œuf de poule peut produire autant d’électricité que 88 tonnes de charbon.

L’uranium est l’un des éléments les plus abondants dans la croûte terrestre — il est environ 500 fois plus répandu que l’or. Alors qu’il semble très rare, l’uranium est en réalité présent partout en infimes quantités — dans la roche, le sol, l’eau et même dans notre corps. L’océan contient également de grandes quantités d’uranium fortement dissous, environ quatre milliards de tonnes.

Comme n’importe quel autre élément, l’uranium existe sous plusieurs formes dont la masse et les propriétés physiques diffèrent, mais qui ont les mêmes propriétés chimiques. Ces différentes formes sont ce que l’on appelle des isotopes.

Quels sont les différents isotopes de l’uranium ?

L’uranium 238 représente plus de 99 % des trois isotopes naturels de l’uranium que l’on trouve sur Terre. (Infographie : A. Vargas/AIEA)

Il existe trois isotopes naturels de l’uranium : l’uranium 234 (234U), l’uranium 235 (235U) et l’uranium 238 (238U). L’238U est le plus répandu et représente environ 99 % de l’uranium naturel sur Terre. La plupart des réacteurs nucléaires utilisent des combustibles qui contiennent de l’235U. Cependant, l’uranium naturel n’en contient généralement que 0,72 % et la plupart des réacteurs ont besoin d’une concentration plus élevée de cet isotope dans leur combustible. Par conséquent, la concentration en 235U est augmentée artificiellement par un processus appelé « enrichissement ». Seuls les réacteurs CANDU canadiens sont alimentés par de l’uranium non enrichi.

Qu’est-ce que l’enrichissement de l’uranium ?

L’enrichissement de l’uranium est le processus par lequel la concentration isotopique de l’235U est portée de 0,72 % à 94 %. 

L’uranium est considéré comme faiblement enrichi si sa concentration isotopique d’235U reste inférieure à 20 %. La plupart des réacteurs commerciaux utilisent de l’uranium faiblement enrichi (UFE), enrichi à moins de 5 %, souvent appelé « uranium de qualité réacteur ». L’UFE ne se détériore pas et peut être entreposé en toute sûreté pendant de nombreuses années.

Si l’uranium est enrichi à plus de 20 %, il est considéré comme hautement enrichi. L’uranium avec des teneurs aussi élevées d’isotope 235U est principalement utilisé dans les réacteurs de propulsion navale (par exemple dans les sous-marins), dans les armes nucléaires et dans certains réacteurs de recherche.

Pour augmenter la concentration isotopique de l’235U, différentes méthodes peuvent être utilisées. En général, le concentré d’uranium est converti en gaz, l’hexafluorure d’uranium. Ce gaz est ensuite pompé dans des cylindres en rotation rapide — les centrifugeuses — où les isotopes les plus lourds, tels que l’238U, sont poussés vers les parois, tandis que l’235U, plus léger, reste au centre. Cela permet de « filtrer » et de recueillir le gaz contenant des concentrations en 235U plus élevées. Ce processus peut être répété jusqu’à l’obtention d’une concentration isotopique suffisante en235U. Le gaz acquis subit ensuite un processus de reconversion qui lui permet de transformer l’235U en une poudre noire, le dioxyde d’uranium.

Comment l’uranium est-il extrait ?

Mine d’extraction de l’uranium au Kazakhstan exploitée conjointement par Orano et Kazatomprom. (Photo : KATCO)

Au XXe siècle, le minerai d’uranium était principalement extrait de mines à ciel ouvert ou de mines souterraines, ce qui nécessitait le concassage et le raffinage du minerai pour séparer l’uranium des autres éléments.

Au XXIe siècle, cette méthode a été progressivement remplacée par la « lixiviation in situ ». Bien que cette technique n’ait permis de produire que 16 % de l’uranium extrait en 2000, la lixiviation in situ est actuellement la méthode d’extraction de l’uranium la plus courante. En 2020, environ 58 % de l’uranium extrait dans le monde l’a été par cette méthode.

Lixiviation in situ. (Infographie : A. Vargas/AIEA)

La lixiviation in situ consiste à faire circuler dans les gisements souterrains d’uranium de l’eau à laquelle ont été ajoutés des éléments, tels que des agents complexants ou oxydants, ou des acides. Cette méthode permet de dissoudre l’uranium directement à partir du gisement. La solution obtenue est ensuite extraite du sous-sol et raffinée pour produire de l’oxyde d’uranium — du concentré d’uranium ou « yellowcake » —, qui est utilisé pour enrichir l’uranium.

Concentré d’uranium (yellowcake) sortant d’un filtre-presse. (Photo : Orano)

Le processus constitué des différentes étapes que sont l’extraction de l’uranium, la transformation de celui-ci en combustible nucléaire, l’irradiation du combustible dans une centrale nucléaire et le stockage définitif des déchets qui en résultent s’appelle le cycle du combustible nucléaire.

Le cycle du combustible nucléaire

Le combustible usé peut aussi être retraité et réutilisé. (Infographie : A. Vargas/AIEA)

Le cycle du combustible nucléaire est un processus industriel composé de plusieurs activités qui permet de produire de l’électricité à partir de l’uranium utilisé dans des réacteurs nucléaires de puissance. La prospection de l’uranium est suivie de l’extraction et de la préparation du minerai d’uranium brut. L’uranium brut doit ensuite être traité, notamment par enrichissement, afin d’optimiser son efficacité en tant que combustible. Après avoir été irradié dans les réacteurs, le combustible usé doit être entreposé pour être refroidi avant d’être stocké définitivement ou recyclé sous forme d’uranium de retraitement en vue de sa réutilisation en tant que source potentielle de production supplémentaire d’électricité. Les déchets générés par le recyclage et l’uranium appauvri doivent également être stockés définitivement.

Pour en savoir plus, consultez cette vidéo.

 

Comment l’uranium est-il transformé en combustible nucléaire ?

(Infographie : Adriana Vargas/AIEA)

Avant sa transformation en combustible nucléaire, l’uranium passe par différents états : solide, liquide et gazeux. Tout d’abord, le minerai d’uranium à l’état solide est dissous dans un liquide et extrait par lixiviation in situ. Il est ensuite transformé en concentré d’uranium à l’état solide avant d’être converti en gaz, l’hexafluorure d’uranium. Ce gaz est alors transféré vers des centrifugeuses et transformé en dioxyde d’uranium destiné à l’enrichissement, ce qui permet d’obtenir les pastilles d’uranium qui forment la base des assemblages combustibles nucléaires utilisés par les centrales nucléaires.

Le dioxyde d’uranium est une substance qui ressemble à une poudre noire. Cette substance est comprimée et chauffée pour être frittée pour former des pastilles d’uranium. Les pastilles sont ensuite insérées une à une dans de longs tubes métalliques empilés pour former des assemblages combustibles — la principale source de combustible pour les réacteurs nucléaires.

Qu’est-ce que l’uranium de retraitement ?

Le combustible nucléaire peut être retraité dans des installations de recyclage spécialisées. L’uranium ainsi récupéré est appelé uranium de retraitement — il peut être réutilisé comme nouveau type de combustible.

Qu’est-ce que l’uranium appauvri ?

Comme nous l’avons vu dans la section sur l’enrichissement, les centrifugeuses produisent de l’uranium qui contient une concentration isotopique en 235U plus élevée, ce qui signifie que les matières restantes en contiennent moins. Lorsqu’un sous-produit de l’enrichissement présente une concentration isotopique en 235U inférieure à 0,7 %, il est considéré comme appauvri.

L’uranium appauvri est moins radioactif que l’uranium naturel car il contient moins d’235U par unité de masse. Toutes les traces de descendants ont été retirées lors de la purification chimique de l’uranium avant son enrichissement. L’uranium appauvri peut être stocké définitivement en tant que déchet de faible activité ou utilisé dans la fabrication de combustible à mélange d’oxydes (MOX) ; du plutonium séparé est issu du retraitement des combustibles nucléaires usés.

Quelle est notre exposition à l’uranium au quotidien?

Les rayonnements font partie de notre quotidien et nous y sommes exposés en permanence. Chaque jour, chacun d’entre nous ingère et inhale de petites quantités d’uranium naturel. (Infographie : A. Vargas/AIEA)

En règle générale, une personne ordinaire reçoit une dose inférieure à 1 µSv par an du fait de l’ingestion et de l’inhalation de l’uranium. À titre de comparaison, un vol entre Paris et l’île de la Réunion vous expose à environ 58,8 µSv du fait du rayonnement cosmique. En outre, une personne ordinaire recevra une dose d’environ 120 µSv par an du fait de l’ingestion et de l’inhalation de descendants de l’uranium, tels que le radium 226 et ses descendants dans l’eau, le radon 222 dans les habitations et le polonium 210 dans la fumée de cigarette. Néanmoins, en raison des différences de régime alimentaire et de la variabilité de la quantité d’uranium présente dans l’eau potable, les niveaux de consommation d’uranium dans le monde varient fortement.

L’ingestion ou l’inhalation de grandes quantités d’uranium peuvent être dangereuses en raison de la toxicité chimique de cet élément. Les personnes intervenant dans la prospection, l’extraction et le traitement de l’uranium sont considérées comme faisant partie des groupes à risque et doivent porter des équipements de protection et respecter scrupuleusement les règles et les procédures afin de prévenir les problèmes de santé.

Quel est le rôle de l’AIEA ?

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