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Exploiter de manière sûre les possibilités croissantes de la radiothérapie

Tiré du Bulletin de l’AIEA
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Un spécialiste effectue des réglages dosimétriques pour veiller à la sûreté et à l’exactitude des doses de rayonnements.

(Photo : Hôpital de Tygerberg)

Grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la radiothérapie, le traitement du cancer est plus efficace, plus précis et plus facile à administrer. Si cela comporte des avantages pour les patients, cela engendre également de nouveaux défis en matière de sûreté.

« L’introduction d’une nouvelle technologie n’est pas sans risques, explique Christoph Trauernicht, chef de la Division de physique médicale à l’hôpital de Tygerberg et maître de conférences à l’Université Stellenbosch, au Cap. Avec chaque nouvel appareil, il y a un risque de commettre des erreurs, car les radiothérapeutes doivent d’abord apprendre comment il fonctionne. On ne peut pas simplement supposer qu’il fera exactement ce qu’on attend de lui : il faut le vérifier, idéalement au moyen de tests minutieux. »

Depuis le début du XXe siècle, les rayonnements jouent un rôle croissant et de plus en plus essentiel dans le traitement du cancer. La thérapie par rayonnement, ou radiothérapie, consiste à tuer les cellules cancéreuses en irradiant les tumeurs avec des doses très précises, soit au moyen de faisceaux externes (rayons X, rayons gamma ou électrons, par exemple), soit au moyen de sources radioactives introduites à l’intérieur du corps du patient ou placées au-dessus de ce dernier.

Aujourd’hui, l’appareil le plus communément utilisé dans le traitement du cancer par rayonnement est l’accélérateur linéaire, ou linac. Plus de 12 000 linacs sont actuellement en exploitation dans les hôpitaux du monde entier, et ce nombre devrait encore augmenter.

« Plus la technologie évolue, plus il est important d’assurer la sûreté de la radiothérapie, déclare Debbie Gilley, spécialiste de la radioprotection à l’AIEA. Les nouvelles technologies permettent une plus grande automatisation et une optimisation plus poussée des doses de rayonnement, mais elles nécessitent également une formation spéciale du personnel et des systèmes de sûreté différents pour garantir que les patients reçoivent le traitement adéquat. »

Près de la moitié des personnes atteintes du cancer sont soumises à une radiothérapie à un moment ou à un autre. L’augmentation continue du nombre de cas de cancer entraînera donc une augmentation des besoins en radiothérapie. Le rôle des physiciens médicaux s’agissant de garantir l’utilisation sûre et efficace des rayonnements en médecine et l’importance des ressources consacrées à leur formation en radioprotection s’en trouveront également renforcés.

L’AIEA aide des pays dans le monde entier à s’adapter à l’évolution des technologies et des besoins en matière de sûreté. Elle s’emploie à consolider la pratique de la physique médicale dans le cadre de diverses initiatives, notamment en publiant des lignes directrices et des fiches d’information, en organisant des séminaires à l’intention des professionnels et des décideurs dans le domaine de la santé et en collaborant avec les associations de professionnels.

Ces initiatives s’inscrivent dans une démarche plus globale visant à améliorer l’accès à des services de radiothérapie de qualité. À cette fin, l’AIEA aide notamment les pays à appliquer les normes de sûreté radiologique qu’elle a élaborées en étroite coopération avec des gouvernements et des organisations du monde entier, et qui sont révisées et actualisées périodiquement par des experts de façon à tenir compte des avancées technologiques et des nouvelles connaissances.

L’AIEA a appuyé la formation de professionnels de la médecine radiologique en Afrique afin que ces derniers puissent utiliser les nouveaux appareils de manière sûre et efficace pour étendre les services d’imagerie et de radiothérapie et réduire les disparités en matière d’accès aux soins de santé.

« L’accès aux services de radiothérapie est inégal en Afrique du Sud, indique Christoph Trauernicht. Il y a une grande disparité entre le secteur public et le secteur privé, et le temps d’attente pour recevoir un traitement dans le secteur public peut parfois aller jusqu’à plusieurs mois. Nous nous efforçons de remédier à cette situation. »

Quelque 1 600 patients par an reçoivent un traitement par radiothérapie à l’hôpital de Tygerberg, l’un des plus grands hôpitaux spécialisés d’Afrique du Sud, qui a fait l’acquisition de son quatrième linac en 2019. Conformément aux règlements de sûreté, tous les linacs livrés à l’établissement sont soumis à des essais de réception, à des opérations de mise en service et à une procédure d’autorisation avant d’être utilisés sur les patients. L’appareil doit notamment être installé dans une salle spéciale, le système de planification de traitement doit être mis en service et le personnel doit être formé.

« Nous espérons que l’acquisition de nouveaux appareils de radiothérapie, entre autres changements, réduira le temps d’attente et, éventuellement, la durée du traitement, permettant ainsi de soigner davantage de patients. Bien sûr, des ressources humaines adéquates sont aussi nécessaires », déclare Christoph Trauernicht.

Il ajoute que la sûreté radiologique ne se limite pas à l’évolution de la radiothérapie. « Un organisme de réglementation national solide est essentiel pour assurer la sûreté au niveau institutionnel, affirme-t-il. L’Afrique du Sud compte des associations professionnelles nationales de physique médicale, de radiographie, d’oncologie, de radiologie et de médecine nucléaire, qui contribuent toutes dans une très large mesure à la sûreté en s’efforçant de faire mieux comprendre les règlements en la matière dans l’ensemble du pays. »

L’Afrique du Sud continue de perfectionner son cadre réglementaire pour le mettre en étroite conformité avec les normes de sûreté de l’AIEA. Les règlements en vigueur stipulent que des physiciens médicaux doivent être associés aux services de radiothérapie et que des programmes de sûreté doivent être élaborés et appliqués. Parallèlement, les initiatives régionales, comme la campagne de sensibilisation à la radioprotection AFROSAFE et les activités de la Fédération des organisations de physique médicale africaines consacrées à l’accréditation des programmes de formation en physique médicale, se multiplient.

L’introduction d’une nouvelle technologie n’est pas sans risques... On ne peut pas simplement supposer que l’appareil fera exactement ce qu’on attend de lui : il faut le vérifier, idéalement au moyen de tests minutieux.
Christoph Trauernicht, chef de la Division de physique médicale de l’hôpital de Tygerberg (Afrique du Sud)

Un accélérateur linéaire (linac) est une machine qui produit des rayonnements à partir de l’électricité.

(Photo : D. Calma/AIEA)

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