Les côtes africaines s’étendent sur 30 000 km et on y trouve des industries lourdes, des établissements périurbains tentaculaires, ainsi que des activités touristiques et navales, le tout contribuant au problème croissant de la pollution plastique marine dans la région. L’Afrique se distingue comme le continent où la plupart des pays ont instauré une interdiction complète de la production et de l’utilisation des sacs plastiques mais les déchets de consommation y représentent 93 % des débris plastiques marins, selon le PNUE, et menacent sérieusement l’industrie régionale de la pêche, qui emploie plus de 12 millions de personnes.
Au début de ce mois, des ministres de plusieurs pays d’Afrique et des représentants d’organisations internationales se sont réunis virtuellement pour la troisième d’une série de tables rondes régionales sur la technologie nucléaire au service de la lutte contre la pollution par le plastique (NUTEC Plastics), organisées par l’AIEA pour faire face à ce problème mondial. Deux tables rondes du genre ont déjà eu lieu cette année, l'une pour les pays de la région Asie et Pacifique et l'autre pour ceux d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud et des Caraibes.
« Aujourd’hui tous les pays d'Afrique Membres de l’AIEA sont représentés ici. Cela témoigne de la prise de conscience de la gravité de ce problème et de la nécessité de réagir », a dit le Directeur général de l’AIEA Rafael Mariano Grossi, qui a ouvert l’événement. « Dans de nombreux pays, d’importantes initiatives et politiques ont été mises en place pour commencer à examiner le problème de la pollution par le plastique et à y apporter des solutions. L’AIEA apporte la contribution des sciences, des technologies et des applications nucléaires, ce qui est très important ».
L’AIEA travaille depuis longtemps en Afrique sur des projets environnementaux nationaux et régionaux, contribuant à évaluer l’acidification des océans dans l’océan Indien occidental et appuyant le développement de programmes de surveillance de l’environnement à travers le continent. Ces activités reposent souvent sur l’utilisation de techniques isotopiques pour surveiller la pollution du milieu marin. Cependant, pour la première fois, avec cette table ronde, la pollution par le plastique est au centre des activités de l’AIEA sur le continent.
« La production, le rejet et la décharge de plastiques dans l’environnement marin font que les cours d’eau africains sont de plus en plus engorgés de déchets plastiques. Les espèces marines - tortues, poissons, oiseaux de mer et autres - ingèrent ces déchets, entraînant l’accumulation rapide des microplastiques et des nanoplastiques dans les chaînes alimentaires, ce qui présage de conséquences pour la santé humaine et pour la durabilité des écosystèmes marins », dit Shaukat Abdulrazak, Directeur de la Division de l’Afrique du Département de la coopération technique de l’AIEA, qui a participé à la table ronde. « Par une coopération étroite, un dialogue ouvert et l’application des nouvelles technologies, nous pouvons espérer ralentir et gérer le problème de la pollution plastique marine. »
L’AIEA a lancé NUTEC Plastics pour aider les pays à intégrer les techniques nucléaires et isotopiques aux techniques conventionnelles pour lutter contre la pollution par le plastique. NUTEC Plastics met en exergue les technologies nucléaires permettant de recycler les déchets plastiques au moyen de la technologie des rayonnements, et la surveillance des microplastiques en milieu marin à l’aide du traçage isotopique. Elle vise à faciliter la prise de décisions scientifiquement fondées concernant les mesures et les politiques d’atténuation et d’élimination des plastiques.
S’exprimant avant l’événement, la Directrice générale adjointe chargée du Département des sciences et des applications nucléaires de l'AIEA, Najat Mokhtar, a déclaré: « Les mesures contre la pollution par le plastique ne porteront leurs fruits que si l'ensemble des solutions technologiques disponibles est mise à profit. NUTEC Plastics va consolider l’action de l’Agence en aidant les États Membres à intégrer des technologies et des techniques nucléaires dans leurs efforts nationaux et régionaux de lutte contre la pollution par le plastique ».
La réunion a rassemblé plus de 400 participants de 46 pays d’Afrique, notamment de hauts responsables de Djibouti, de l’Égypte, du Ghana, du Kenya, du Nigéria et du Sénégal, ainsi que des représentants du Bureau régional pour l'Afrique du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA). Les exposés et les débats ont porté sur les technologies nucléaires permettant de recycler les déchets plastiques et de surveiller la pollution au plastique dans les océans. Les participants ont échangé des informations sur les programmes et les pratiques existants, tels que les pratiques industrielles, les initiatives régionales et les activités de renforcement des capacités, et ont examiné les possibilités de renforcer les partenariats et les synergies visant à faire face à la pollution par le plastique depuis sa source jusqu’au milieu marin.