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Les synergies entre le nucléaire et les énergies renouvelables : les participants à une réunion de l’AIEA examinent les options en matière de production d’énergie décarbonée et de cogénération

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Panneaux solaires près de la centrale nucléaire de Mochovce, en Slovaquie, en 2014. Grâce à une exploitation en régime flexible, les centrales nucléaires peuvent accroître l’efficacité des énergies renouvelables. (Photo : A. Evrensel/AIEA)

Un système énergétique hybride qui associe l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables peut réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport aux combustibles fossiles classiques. C'est ce que se sont entendu dire les participants à une réunion de l’AIEA la semaine dernière. Une telle association favoriserait également la cogénération aux fins du dessalement de l'eau de mer, de la production d'hydrogène, du chauffage urbain, du refroidissement et d’autres applications industrielles. Les prochaines étapes importantes comprennent la poursuite de la recherche-développement, ainsi que l’introduction de politiques appropriées et de mesures incitatives concernant le marché.

« Après l’Accord de Paris sur les changements climatiques conclu en 2015, il y a eu un intérêt grandissant pour les solutions intégrées, pérennes et compétitives sur le plan économique permettant une production d’énergie et de chaleur industrielle à bas carbone, abordable et fiable destinée à des fins industrielles », a déclaré Dohee Hahn, directeur de la Division de l'énergie d'origine nucléaire de l’AIEA. « L’électronucléaire peut contribuer dans une large mesure à la réduction des émissions de GES et a déjà permis d’éviter l’émission d’une grande quantité de CO2 au cours des dernières décennies. »

Les deux principales options en matière d’énergie à bas carbone sont l’électronucléaire et les énergies renouvelables, notamment les énergies éolienne, solaire et hydroélectrique, l'énergie de la biomasse, la géothermie et les technologies marines. Nombre de pays ont inclus ces sources d’énergie dans leur bouquet énergétique, mais peu se sont penchés sur les synergies possibles entre elles.

Les systèmes énergétiques hybrides nucléaire-renouvelables sont des installations intégrées constituées de réacteurs nucléaires et de systèmes de production d’énergie renouvelable et utilisant des processus industriels, pouvant répondre à la nécessité d’assurer la souplesse des réseaux, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’utiliser de façon optimale les fonds d’investissement.

L’électronucléaire permet une exploitation en régime flexible en fonction de la demande d’énergie, tandis que les énergies renouvelables, comme l’éolien et le solaire, sont produites de manière intermittente. En permettant de répondre à une demande irrégulière grâce à l’exploitation en régime flexible (ou exploitation en suivi de charge), l’électronucléaire peut accroître l’efficacité des énergies renouvelables.

Représentant les pays exploitants, les pays qui développent leur programme électronucléaire, les pays primo-accédants et la Commission européenne, 24 experts de 15 États Membres ont examiné les concepts innovants et la recherche en ce qui concerne l’utilisation coordonnée de sources d’énergies nucléaire et renouvelable, dans le cadre d’une réunion sur les systèmes énergétiques hybrides nucléaire-renouvelables destinés à la production d’énergie décarbonée et à la cogénération, qui s’est tenue à Vienne du 22 au 25 octobre 2018. Ils ont recensé les lacunes auxquelles permettraient de répondre la coopération internationale et l’échange d’informations sur les exigences, les principaux défis et les solutions techniques, opérationnelles et stratégiques possibles.

« Il semble que la plus grande difficulté consiste à déterminer la viabilité et la rentabilité de ces systèmes énergétiques hybrides nucléaire-renouvelables », a affirmé Mark Ruth, ingénieur au Laboratoire national de recherche sur les énergies renouvelables des États-Unis et coprésident de la réunion.

Le passage à des systèmes énergétiques hybrides dans les pays riches en sources d’énergie fossile pose aussi la question de l’impact sur les industries, les emplois et les ressources. « Nous ne voulons pas cesser d’utiliser les ressources fossiles, mais changer la façon dont nous les utilisons », explique Shannon Bragg-Sitton, du Laboratoire national de l'Idaho. Coprésidente de la réunion, elle dirige également un programme sur les systèmes énergétiques hybrides nucléaire-renouvelables pour le compte du Bureau de l'énergie nucléaire du Ministère américain de l’énergie. « Ces ressources en carbone sont très utiles et pourraient être converties en des produits ayant un intérêt supplémentaire, comme le plastique ou les produits chimiques, et d’autres produits dont l'utilité va au-delà de la production de chaleur. »

Applications non électriques

La question de la cogénération, c’est-à-dire le déploiement de systèmes énergétiques hybrides nucléaire-renouvelables en vue d'applications non électriques, a également été abordée lors de la réunion. Cette technique, utilisée depuis des dizaines d'années dans de nombreux pays, permet d’utiliser la chaleur générée par les centrales nucléaires pour le refroidissement, le chauffage, l'obtention de chaleur industrielle, le dessalement et la production d'hydrogène.

« Le Pakistan offre d'énormes possibilités dans les domaines du dessalement nucléaire et de la technique d’osmose inverse », a déclaré Arif Arif, concepteur nucléaire à la Commission pakistanaise de l'énergie atomique. « Nous voulons étudier les systèmes énergétiques hybrides nucléaire-renouvelables en installant un parc éolien et des cellules photovoltaïques. Les centrales nucléaires du pays se situent dans des zones côtières, qui sont idéales pour exploiter les énergies éolienne et solaire. »

Les participants se sont accordés sur la nécessité d’une recherche-développement plus approfondie et d'éventuelles mesures incitatives, comme la mise en place d’une taxe adéquate sur les émissions de CO2, pour que l’association du nucléaire et des énergies renouvelables variables soit efficace. Il est également nécessaire de mener des études comparatives économiques plus poussées en vue de mieux en déterminer le coût et la compétitivité. Le concept des avantages liés à la durabilité économique, au développement et à la compatibilité d’un point de vue environnemental doit être approfondi, et les politiques adéquates adoptées.

Des experts de 15 États Membres ont examiné les concepts innovants et la recherche en ce qui concerne l’utilisation coordonnée de sources d’énergies nucléaire et renouvelable, dans le cadre d’une réunion sur les systèmes énergétiques hybrides nucléaire-renouvelables destinés à la production d’énergie décarbonée et à la cogénération, qui s’est tenue à Vienne (Autriche) du 22 au 25 octobre 2018. (Photo : E. Dyck/AIEA)

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