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Les laboratoires de contrôle des aliments et de surveillance environnementale du Bénin unissent leurs forces pour surveiller les polluants et améliorer la sécurité sanitaire des aliments

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Au Bénin, des chercheuses préparent des études de l’alimentation totale pour déterminer les quantités de toxines provenant de l’alimentation absorbées par la population. Le matériel utilisé a été fourni par l’AIEA. (Photo : M. Gaspar/AIEA)

Cotonou (Bénin) – Du fait de l’augmentation du transport maritime le long des côtes et des activités minières dans la région, les autorités béninoises s’inquiètent de possibles effets nocifs de la pollution sur l’environnement et les produits agricoles du pays. Elles ont fait appel à l’AIEA pour bénéficier d’une assistance en matière de surveillance des niveaux de radioactivité, de métaux lourds et d’autres polluants dans l’océan et sur le littoral, ainsi que pour aider les experts locaux à déterminer les quantités de contaminants dans les produits alimentaires en se basant sur l’alimentation de la population. Maintenant que des infrastructures de contrôle radiologique de l’environnement et d’étude de l’alimentation sont en place, des résultats devraient être disponibles avant la fin de l’année, et représenteront une avancée importante en matière de sécurité sanitaire des aliments.

« Jusque récemment, nous ne savions pas quelle était l’ampleur de la contamination environnementale, ni si les quantités de substances toxiques absorbées par la population étaient supérieures aux limites recommandées », confie Kinnou Kisito Chabi Sika, directeur général du Laboratoire central de sécurité sanitaire des aliments (LCSSA). « Mais nous en saurons beaucoup plus bientôt », se réjouit-il.

« La protection de l’environnement et la sécurité sanitaire des aliments vont de pair, c’est pourquoi l’AIEA préconise ce type d’approche coordonnée dans les pays avec lesquels elle travaille », explique Miguel Roncero Martin, qui est chargé des projets de coopération technique de l’AIEA au Bénin. « Si l’environnement est fortement contaminé, comment produire des aliments propres à la consommation ? », fait-il remarquer.

Des stations de contrôle radiologique de l’environnement

« Les résultats préliminaires obtenus aux 15 stations de contrôle radiologique mises en place cette année au Bénin semblent indiquer que les niveaux de métaux lourds et de radionucléides sont inférieurs aux limites de sûreté », indique Étiennette Dassi Gnaho, directrice du laboratoire de surveillance environnementale créé en 2014 avec l’aide de l’AIEA. Les spectrophotomètres alpha et gamma du laboratoire, utilisés pour évaluer l’intensité des rayonnements et vérifier les concentrations en métaux lourds, ont été cofinancés par l’AIEA et le gouvernement béninois. Les cinq membres du personnel du laboratoire ont reçu une formation dans des établissements similaires au Maroc et à Madagascar, avec l’appui du programme de coopération technique de l’AIEA.

« Les métaux lourds, comme le plomb, le mercure et le cadmium, ainsi que le cuivre, le phosphate et les substances radioactives qui pourraient être rejetées dans l’environnement à la suite de l’extraction du phosphate, sont particulièrement préoccupants », précise Étiennette Dassi Gnaho. La vérification de la qualité de l’eau à proximité des lieux de déversement d’eaux d’égout traitées dans l’océan est aussi l’une des priorités du gouvernement.

Cette année, on a commencé à prélever des échantillons d’eau de l’océan, de sédiments côtiers et d’eau douce. L’an prochain, on prélèvera aussi des échantillons de sol à l’intérieur des terres et un plan de surveillance strict, établi avec l’aide de l’AIEA et de spécialistes marocains, sera mis en place.

Des études de l’alimentation totale

La présence de polluants comme des métaux lourds est particulièrement inquiétante si ceux-ci se retrouvent dans les aliments. En effet, les métaux lourds ne sont pas éliminés par l’organisme, mais s’accumulent tout au long de la vie, et si la dose absorbée est trop élevée, ils pourraient atteindre des niveaux dangereux, notamment pour le système nerveux.

Afin d’assurer que les quantités de métaux lourds provenant de l’alimentation restent inférieures aux niveaux dangereux, les chercheurs doivent d’abord établir un modèle de l’alimentation de la population afin de pouvoir fixer, en fonction de la consommation, des limites acceptables de concentration dans les aliments et l’environnement. Ces niveaux peuvent être déterminés grâce à ce que l’on appelle des études de l’alimentation totale, qui sont des modèles tenant compte des quantités d’aliments que les populations consomment tout au long de leur vie. Des études de ce type, qui font appel à des techniques d’analyse dérivées du nucléaire, seront menées pour la première fois cette année, après que l’AIEA aura, en collaboration avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), fourni du matériel, dispensé une formation et donné des conseils. « Dans le cadre du programme de coopération technique, sept chimistes et microbiologistes travaillant dans le laboratoire de sécurité sanitaire des aliments ont bénéficié d’une formation en Belgique, au Botswana, au Maroc, en République tchèque, au Soudan et en Zambie », indique Kinnou Kisito Chabi Sika.

 

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