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Le Sénégal renforce son autonomie en matière de contrôle de la sécurité sanitaire des aliments grâce à la science nucléaire

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Formation de techniciens de laboratoire aux techniques de spectrométrie de masse isotopique (avril 2019). (Photo : E. Niang/LACOMEV)

Les autorités sénégalaises peuvent maintenant détecter de manière plus rapide, plus autonome et plus économique les résidus et contaminants présents dans les produits alimentaires, ce qui bénéficie à la santé de la population et à la compétitivité des exportations alimentaires du pays. L’analyse mise en place repose sur des techniques nucléaires.

Dans le cadre d’un projet d’une durée de quatre ans qui s’achève cette année, en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’AIEA a dispensé une formation à dix experts de quatre laboratoires nationaux afin qu’ils examinent un large éventail de résidus et de contaminants présents dans des aliments et potentiellement dangereux pour la santé des consommateurs. Les laboratoires ont reçu des protocoles de validation de méthodes et une formation sur l’incertitude des mesures d’analyse, les tests de compétence et l’analyse des données connexes.

 « Avant que nos capacités d’analyse avancées soient mises en place, nous rencontrions de sérieuses difficultés et devions envoyer dans des laboratoires à l’étranger, dans des pays comme le Maroc ou la France, des scientifiques qui emportaient des échantillons d’aliments pour en déterminer les risques alimentaires. L’externalisation des tests analytiques n’était pas pratique et prenait du temps, mais la situation a changé », explique Assiongbon Teko-Agbo, chef du Laboratoire de contrôle des médicaments vétérinaires (LACOMEV) de l’École inter-États des sciences et médecine vétérinaires (EISMV), à Dakar.

Partout dans le monde, les médicaments vétérinaires et les pesticides sont utilisés dans la production alimentaire pour lutter contre les maladies et les ravageurs des animaux et des plantes. Cependant, des résidus de ces substances ainsi que des contaminants, comme les mycotoxines, les biotoxines et les métaux toxiques, peuvent présenter des risques sanitaires pour les consommateurs. Les analyses permettent de s’assurer que les produits qui présentent un niveau de risque inacceptable ne sont pas admis dans la chaîne d’approvisionnement alimentaire.

Dans le cadre de son programme de coopération technique, l’AIEA a fourni des équipements de pointe, notamment permettant d’effectuer un dosage par radiorécepteur et une chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse en tandem, et a dispensé une formation à leur utilisation. Elle a aussi fourni des systèmes de gestion de l’information de laboratoire, ainsi que des consommables.

La méthode de dosage par radiorécepteur est facile à utiliser et donne des tests fiables pour plus de dix groupes de résidus d’antimicrobiens vétérinaires et de résidus de pesticides ainsi que pour les mycotoxines présents dans le lait, la viande, les œufs, le poisson, le miel, les céréales et les aliments pour animaux. La mise à disposition de cette technologie au Sénégal devrait accroître la confiance du consommateur et du marché, ainsi que la compétitivité du pays en matière d’exportation de produits agricoles et alimentaires. Le volume de produits alimentaires analysés en vue de détecter la présence de résidus et de contaminants est passé de 800 à 4 000 tonnes par an depuis 2017, d’après le Laboratoire national d’analyses et de contrôle (LANAC).

Outre le LACOMEV et le LANAC, deux autres laboratoires ont pris part au projet : celui de l’Institut de technologie alimentaire (ITA) et le Centre régional de recherches en écotoxicologie et sécurité environnementale (Ceres Locustox).

Des résultats positifs pour le secteur de la pêche et de l’aquaculture

Compte tenu des capacités mises en place dans le cadre du projet AIEA/FAO, le LACOMEV a été chargé de mettre en œuvre un programme national de surveillance des résidus dans les produits aquacoles en 2017, sous-secteur en pleine croissance et pilier de la Stratégie de croissance accélérée du Sénégal. Le laboratoire utilise une combinaison du dosage par radiorécepteur et des techniques de chromatographie et de spectrométrie isotopiques (voir la section En savoir plus) pour examiner, et confirmer ou exclure, la présence de produits chimiques et les risques qui y sont liés dans les produits aquacoles et les produits de la pêche.

Les nouvelles capacités de tests ont contribué à assurer la fiabilité des produits de la pêche exportés par le Sénégal, exportations qui ont rapporté plus de 300 millions d’euros par an en moyenne entre 2016 et 2019, d’après le Ministère des pêches et de l’économie maritime.

Aquaculture. (Photo : K. Diouf, Direction des industries de transformation de la pêche)

En parallèle, grâce au projet AIEA/FAO, le laboratoire de l’ITA a été accrédité selon la norme ISO 17025 par le Comité français d’accréditation (COFRAC) pour l’analyse des aflatoxines. Cette accréditation est importante pour la protection de la santé de la population sénégalaise et pour l’appui aux exportations du pays, puisque les aflatoxines, puissants cancérigènes, constituent un important problème de santé publique et un obstacle majeur pour l’économie à l’échelle mondiale.

Des capacités renforcées qui dépassent les frontières

Dans les pays en développement, la capacité à mettre en place des laboratoires équipés pour mener des analyses de routine et des programmes de surveillance de la sécurité sanitaire des aliments tout en respectant les normes internationales est une étape clé pour augmenter la sécurité sanitaire des aliments et les exportations.

Les capacités renforcées des laboratoires au Sénégal profitent aussi à d’autres pays de la région. Au cours des deux dernières années, le LACOMEV a formé plus de 100 scientifiques de 15 pays francophones d’Afrique et héberge actuellement jusqu’à dix boursiers et scientifiques par mois.

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