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Des scientifiques de la République démocratique du Congo maîtrisent une épidémie de grippe aviaire grâce à des techniques nucléaires

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La même souche du virus a été détectée en Ouganda, au Cameroun, au Zimbabwe et en Afrique du Sud, et les experts craignent qu’elle se propage encore dans la région, les oiseaux sauvages pouvant transporter le virus sur de longues distances. (Photo : L. Gil/AIEA)

En République démocratique du Congo (RDC), des scientifiques ont détecté une nouvelle épidémie de grippe aviaire en s’appuyant sur des techniques dérivées du nucléaire très spécifiques et sensibles. Grâce à la détection et à la caractérisation rapides du virus, ainsi qu’à l’intervention qui a suivi à l’échelle locale, l’épidémie a été circonscrite à la région du lac Albert, près de la frontière avec l’Ouganda.

« C’est la première fois que nous détectons la souche H5N8, hautement pathogène, du virus en RDC. Nous avons été surpris, mais heureusement, nous l’avons détecté suffisamment tôt », confie Curé Georges Tshilenge Mbuyi, chef de l’Unité de Biologie Moléculaire au Laboratoire vétérinaire central de Kinshasa. « Il est particulièrement important de stopper rapidement la propagation du virus, car non seulement il a un effet dévastateur sur les volailles, mais il est transmissible à l’humain », poursuit-il.

Curé Georges Tshilenge Mbuyi et son équipe ont appris à détecter des virus de ce type et à interpréter les résultats lors d’un cours récemment organisé par l’AIEA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Ils ont d’abord eu recours à une technique dérivée du nucléaire appellée « réaction de polymérisation en chaîne (PCR) » pour déterminer le génome du virus. Cette technique permet d’identifier des virus, notamment Ebola, avec une grande précision en l’espace de quelques heures.

L’équipe a ensuite envoyé des échantillons spécialement préparés à un laboratoire d’Allemagne chargé de séquencer l’ADN, dans le cadre d’un service de sous-traitance proposé par l’AIEA à ses États Membres. Les résultats du séquençage ont été communiqués au laboratoire de la RDC, où ils ont été interprétés. C’est grâce à la formation qu’il a suivie que Curé Georges Tshilenge Mbuyi a pu interpréter les données, établir qu’il s’agissait du virus H5N8 et obtenir des informations essentielles, concernant notamment l’origine de la souche et la manière dont la maladie se développait.

« Après que les scientifiques ont confirmé la présence et la souche du virus, les autorités ont immédiatement pris une série de mesures sanitaires pour lutter contre l’épidémie, et notamment abattu tous les oiseaux domestiques et sauvages qui vivaient autour du lac. Les vétérinaires commencent maintenant à prélever des échantillons dans les villages des régions environnantes afin de vérifier que le virus ne s’est pas propagé », explique Curé Georges Tshilenge Mbuyi.

La même souche du virus a été détectée en Ouganda, au Cameroun, au Zimbabwe et en Afrique du Sud, et les experts craignent qu’elle se propage encore dans la région. « Comme il s’agit d’oiseaux sauvages qui migrent au gré des saisons, ils peuvent transporter le virus sur de longues distances », précise Ivancho Naletoski, administrateur technique à la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture.

Depuis le début des années 1990, dans le cadre de son programme de coopération technique et en partenariat avec la FAO, l’AIEA apporte aux autorités vétérinaires de la RDC un soutien sous la forme de cours, de visites scientifiques ou de visites d’experts, et elle leur fournit les appareils, le matériel et les orientations nécessaires au diagnostic précoce et à la lutte contre les maladies animales et les zoonoses transfrontières.

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