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Après avoir enduré des douleurs constantes, un patient irradié retrouve l’usage de ses jambes

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En 1997, une mission de l’AIEA a aidé les autorités géorgiennes à faire face à une situation d’urgence causée par une source égarée. (Photo : AIEA)

En 1997, un accident radiologique survenu à Lilo (Géorgie) avait entraîné l’exposition de 11 personnes à des doses de rayonnements élevées sur une longue période de temps. Ces personnes avaient présenté de graves lésions cutanées radio-induites. Sur demande, l’AIEA avait fourni une assistance à la Géorgie et les 11 personnes avaient reçu un traitement médical. Cependant, l’état de santé de l’une d’elles, appelée « patient 3CG » afin de préserver son anonymat, s’est beaucoup dégradé en 2016. À la suite d’une nouvelle demande d’assistance de la Géorgie et avec l’appui du Gouvernement français, facilité cette année par l’AIEA, le patient 3CG a bénéficié d’un traitement médical de suivi grâce auquel sa qualité de vie s’est sensiblement améliorée.

« Je ne pouvais pas marcher sans aide, la douleur était constante et j’étais inquiet pour mon avenir », se souvient le patient 3CG lorsqu’il évoque sa vie après l’exposition accidentelle aux rayonnements. « Grâce à la coopération internationale, je vis mieux. Je suis reconnaissant à l’équipe pluridisciplinaire très compétente et expérimentée qui m’a aidé. »

Brûlures par irradiation dues à des sources radioactives non soumises à un contrôle réglementaire

Le patient 3CG est un homme de 43 ans qui vit en Géorgie. En 1997, il était soldat dans l’armée géorgienne, en stationnement dans le détachement de formation des troupes frontalières de Lilo, non loin de la capitale, Tbilisi. Entre avril et août 1997, le patient 3CG et dix autres soldats ont développé des lésions cutanées que les experts ont diagnostiquées comme brûlures graves par irradiation. La Géorgie a demandé l’assistance de l’AIEA en octobre 1997 pour évaluer la contamination radioactive du site, examiner les 11 patients et les soumettre à un traitement. Ils ont été soignés dans des hôpitaux spécialisés en Allemagne, en France et en Russie. L’AIEA a également aidé la Géorgie à récupérer les sources radioactives, à les caractériser et à effectuer un levé radiologique du site de l’accident.

L’étude du site a montré que les conditions d’entreposage des sources de rayonnements scellées n’étaient pas conformes aux procédures réglementaires, ce qui a causé l’exposition de 11 personnes aux rayonnements.

Le patient 3CG a été admis à l’hôpital militaire de Percy, en France, en 1997, pour y subir une autogreffe de peau. Son état s’est amélioré après cette greffe et le traitement reçu ensuite, en 1997 et en 1998, mais s’est détérioré au cours des dix dernières années. En mai 2016, le Centre des incidents et des urgences de l’AIEA a reçu de l’Agence géorgienne de sûreté nucléaire et radiologique une demande d’assistance médicale supplémentaire pour le patient 3CG.

« Le patient 3CG était dans un état critique. Aucun médecin local ne pouvait dispenser les soins spécialisés nécessaires et nous avons sollicité l’aide de l’AIEA, par l’intermédiaire de son Réseau d’intervention et d’assistance (RANET), au titre de la Convention sur l’assistance en cas d’accident nucléaire ou de situation d’urgence radiologique », explique Levan Davitashvili, Ministre géorgien de la protection de l’environnement et de l’agriculture.

En mars 2019, le patient 3CG est entré à nouveau à l’hôpital militaire de Percy, en France. Il y a reçu un traitement médical innovateur dispensé conjointement par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), le Centre de transfusion sanguine des armées (CTSA) et l’hôpital militaire de Percy.

« Il était clair que le patient 3CG souffrait beaucoup et depuis longtemps. Il avait perdu en partie l’usage de ses jambes et cela avait une grande incidence sur sa qualité de vie. Nous avons opté pour la chirurgie plastique : un prélèvement de lambeau de Taylor combiné à des injections de cellules souches mésenchymateuses », raconte Eric Bey, chef du service de chirurgie plastique à l’hôpital militaire de Percy.

« Le cas de ce patient était complexe du point de vue médical en raison des caractéristiques de l’irradiation et des radiolésions localisées causées. L’évolution est bien connue : les blessures réapparaissent avec de nouvelles nécroses et il y a un risque de transformation maligne plusieurs années après l’irradiation. Par conséquent, si les procédures médicales sont consignées et documentées, d’autres pays pourront apprendre de ce cas. Il est important d’administrer un traitement local et d’apporter une aide psychologique dans le cadre du suivi clinique de ce patient irradié. »

Le patient 3CG est maintenant guéri et n’a plus de blessures ouvertes. Il marche à nouveau et n’a plus la douleur constante insupportable qu’il a enduré pendant des années.

RANET

Le RANET est un mécanisme de l’AIEA visant à aider les États à s’acquitter des obligations qui leur incombent au titre de la Convention sur l’assistance en cas d’accident nucléaire ou de situation d’urgence radiologique. Il aide à limiter le plus possible les conséquences radiologiques réelles ou potentielles d’un incident ou d’une situation d’urgence nucléaire ou radiologique sur la santé, l’environnement et les biens. Il permet également de faire parvenir à l’État demandeur des avis et un appui concernant les activités d’intervention menées sur place afin d’atténuer l’impact d’une situation d’urgence.

Une manifestation parallèle organisée en marge de la session de la Conférence générale de 2019 sera consacrée à l’examen des résultats de la mission d’assistance, sur la base d’informations fournies par la France, la Géorgie et l’AIEA. Un message vidéo du patient 3CG sera diffusé. Mercredi 18 septembre 2019, à 11 h, dans la salle de conférence M5.

De plus amples informations sur l’accident radiologique survenu à Lilo (Géorgie) sont fournies dans le rapport de l’AIEA sur cet accident.

 

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