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Une journée dans la vie d’un inspecteur des garanties nucléaires

Patricia Musoke-Zawedde, Teodor Nicula-Golovei

Les inspecteurs des garanties nucléaires parcourent le globe afin de vérifier sur le terrain les matières et technologies nucléaires des pays. (Photo : AIEA)

Les inspecteurs des garanties nucléaires parcourent le globe pour visiter des centrales nucléaires, des mines d’uranium, des usines de fabrication de combustible nucléaire, des installations d’enrichissement, des réacteurs de recherche, des installations de gestion des déchets nucléaires et d’autres sites, annonçant parfois leur venue au dernier moment, afin de vérifier sur le terrain les matières et les technologies nucléaires des pays. « Notre mission est très claire : nous vérifions que les matières nucléaires sont utilisées à des fins pacifiques », explique Helly Diaz Marcano, inspecteur des garanties nucléaires à l’AIEA.

L’AIEA est la seule organisation ayant pour mandat de vérifier l’utilisation pacifique des matières et technologies nucléaires dans le monde. Elle remplit cette mission en appliquant des garanties, un ensemble de mesures techniques visant à vérifier que les États respectent leurs obligations internationales en matière de non-prolifération.

En 2021, quelque 280 inspecteurs de l’AIEA ont passé au total plus de 14 600 jours sur le terrain. Leurs voyages sont souvent compliqués sur le plan logistique. Les inspecteurs suivent des procédures strictes, mais doivent aussi s’adapter aux imprévus.

Les membres de l’équipe (entre deux et dix inspecteurs, en général, selon le type d’installation) tirent parti des compétences et des capacités des uns et des autres, profitant des connaissances et de l’expérience de ceux qui ont déjà visité l’installation.

Voici un aperçu d’une journée d’inspection sur le terrain.

Le matin

Les inspecteurs s’assurent que tous les documents nécessaires sont en ordre et chargent le matériel d’inspection dans leur véhicule. Une fois arrivés à destination, parfois après plusieurs heures de route, ils doivent d’abord se soumettre à un contrôle de sécurité effectué par le personnel de l’installation, ce qui prend habituellement une demi-heure environ. Ils rencontrent ensuite l’exploitant et le directeur de l’installation ainsi que d’autres représentants de l’État. Ensemble, ils se penchent sur la réglementation en matière de sûreté et de sécurité et définissent le programme de la journée, après quoi l’équipe de l’AIEA entame l’examen des rapports comptables sur les matières nucléaires de l’installation.

L’après-midi

Accompagnés de l’exploitant, les inspecteurs entrent dans l’installation. Ils doivent pour ce faire enfiler des équipements de protection individuelle, enlever leurs montres, bijoux et autres accessoires et laisser leurs téléphones, clés et portefeuilles à l’extérieur pour éviter tout risque de contamination. En fonction du type d’installation, les inspecteurs portent soit une combinaison de protection, soit une blouse de laboratoire. Ils doivent également couvrir leurs cheveux d’un filet, d’une coiffe de protection ou d’un casque et porter un dosimètre autour du cou pour surveiller l’intensité de rayonnement et garantir ainsi leur sûreté personnelle.

Vient alors la partie la plus difficile : travailler pendant quatre à six heures en transportant jusqu’à 15 kilos d’instruments, d’outils et de matériel divers. Les inspecteurs doivent porter le matériel et les boîtes de transport pendant la majeure partie de l’inspection pour éviter tout risque de contamination.

« C’est un privilège d’être à l’intérieur d’une installation nucléaire », affirme Dinesh Sharma, inspecteur des garanties. « On peut voir les merveilles de la science et de la technologie nucléaires juste sous nos yeux. En même temps, c’est un métier riche en surprises. Chaque inspection est unique et pose des problèmes particuliers. »

Pour vérifier que les matières nucléaires présentes dans l’installation concordent avec les déclarations de l’État et les rapports comptables, diverses activités sont menées dans le cadre des inspections sur le terrain. Les inspecteurs peuvent notamment contrôler les caméras de surveillance de l’AIEA qui font partie des systèmes de télésurveillance et de surveillance automatiques, examiner les scellés de l’AIEA pour détecter toute manipulation frauduleuse ou apposer un nouveau scellé sur un conteneur, un sas ou un château de transport de matières nucléaires.

Les inspecteurs peuvent aussi compter les assemblages de combustible nucléaire usé entreposés dans une piscine. Depuis une passerelle surplombant la piscine, ils vérifient la présence du combustible usé à l’aide de caméras spécialement conçues à cet effet. Tandis qu’un inspecteur identifie les assemblages de combustible usé à l’aide d’une caméra, un de ses collègues vérifie que ces derniers correspondent à ce qui a été déclaré. L’équipe de l’AIEA peut demander à l’exploitant de l’installation de repositionner un assemblage pour procéder à une vérification approfondie, avec l’aide de l’exploitant et du personnel de l’installation.

Enfin, les inspecteurs peuvent prélever des échantillons de l’environnement en passant un chiffon en coton sur des surfaces dans l’installation pour capturer des particules de poussière. Les échantillons anonymisés sont ensuite envoyés au laboratoire de l’AIEA à Seibersdorf (Autriche) et à d’autres laboratoires désignés afin de détecter les traces les plus infimes de matières nucléaires.

Le soir

L’équipe de l’AIEA s’entretient avec le personnel de l’installation pour faire le point sur le travail de la journée, discuter des étapes suivantes, par exemple des éventuelles activités prévues le lendemain, et remettre les documents à envoyer au Siège de l’AIEA. Enfin, l’inspecteur chargé de la coordination demande aux autres inspecteurs de dresser un résumé de la journée et il charge chacun d’entre eux de la rédaction d’une partie du rapport d’inspection.

Les inspecteurs conviennent que leur travail, aussi exigeant soit-il, est important et gratifiant. « Je me sens comme une citoyenne du monde en mission pour la paix et la sécurité », déclare Amina Agbab Uthman, inspectrice des garanties nucléaires à l’AIEA.

10/2022
Vol. 63-3

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