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Gérer la lucilie bouchère du Nouveau Monde au moyen de la technique de l’insecte stérile en Amérique latine

Rosalia Fraga Pazos

Les participants à un atelier régional sur l’intervention d’urgence en cas d’épidémie de lucilie bouchère du Nouveau Monde, tenu au Costa Rica en mars 2024. (Photo : F. Chaverri/SENASA)

L’Amérique centrale est en voie de réinfestation par la lucilie bouchère du Nouveau Monde, parasite déjà endémique en Amérique du Sud. La lucilie bouchère du Nouveau Monde Cochliomyia hominivorax est une larve de mouche parasite qui se nourrit de la chair d’animaux à sang chaud, humains y compris. La myase, une infection engendrée quand l’œuf contenant la larve éclot dans des tissus animaux, est endémique dans certaines îles des Caraïbes et dans la plupart des pays sud‑américains. Elle a des effets dévastateurs sur la production animale, entraînant une augmentation des taux de mortalité et une diminution de la production de lait et de viande. Avant que le Costa Rica signale les premiers cas dans des troupeaux en juillet 2023, toute la région d’Amérique centrale, y compris le Costa Rica, était exempte de cette maladie.

Un total de 14 pays d’Amérique latine bénéficient de l’appui du Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture (Centre mixte FAO/AIEA) pour la protection du bétail et des moyens de subsistance des agriculteurs par l’application de la technique de l’insecte stérile (TIS), une méthode écologique de lutte contre les ravageurs utilisée avec succès depuis plus de 60 ans afin d’éliminer les ravageurs qui s’attaquent au bétail.

L’objectif principal de ce décret est d’avoir en main les éléments indispensables pour prévenir la propagation de cette maladie sur le territoire national. L’appui de l’AIEA dans le transfert de la technologie nucléaire permettant d’appliquer la TIS est essentiel à la prévention, au contrôle et à l’éradication de la maladie.
Luis Matamoros, Directeur général, Service national de santé animale (SENASA), Costa Rica

La TIS consiste à stériliser des millions d’insectes mâles par des rayonnements ionisants avant de les relâcher dans la nature pour qu’ils s’accouplent avec des femelles sauvages. Comme ces accouplements sont inféconds, la TIS conduit à une réduction drastique de la population en liberté de ce porteur de maladie, tout en minimisant l’utilisation de pesticides.

Dans le cadre de cette approche, l’AIEA dispense une formation spécialisée à la TIS, en plus du transfert de connaissances et de la formation qu’elle assure. Elle soutient également l’achat de matériel et de fournitures techniques par un projet régional de coopération technique.

À la suite de la réemergence de la lucilie bouchère du Nouveau Monde qui menace le bétail de la région et la sécurité alimentaire, le Costa Rica, cherchant à contrôler la propagation de ce parasite, a déclaré l’état d’urgence sanitaire le 7 février 2024.

« L’objectif principal de ce décret est d’avoir en main les éléments indispensables pour prévenir la propagation de cette maladie sur le territoire national », explique Luis Matamoros, le Directeur général du Service national de santé animale (SENASA) du Costa Rica qui fait partie du Ministère de l’agriculture. « L’appui de l’AIEA dans le transfert de la technologie nucléaire permettant d’appliquer la TIS est essentiel à la prévention, au contrôle et à l’éradication de la maladie. »

En mars 2024, l’AIEA a organisé au Costa Rica un atelier régional sur l’intervention d’urgence, en collaboration avec le SENASA, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture, l’Organisation internationale régionale pour la protection des plantes et la santé animale, et la Commission États‑Unis‑Panama pour l’éradication et la prévention de la lucilie bouchère du Nouveau Monde.

« Cet atelier a été absolument crucial », a déclaré Walther Enkerlin, un entomologiste du Centre mixte FAO/AIEA. « Les participants issus de services de santé animale nationaux de toute la région ont mis en commun leurs connaissances, leurs stratégies et leurs ressources. L’objectif était d’élaborer un système solide permettant la détection précoce, l’application de méthodes de traitement et l’intervention rapide, afin de contrôler l’infestation par la lucilie bouchère du Nouveau Monde et de promouvoir l’éradication de cette dernière au moyen de la TIS. » 

« Grâce aux formations organisées avec l’aide du programme de coopération technique de l’AIEA, je me sens désormais à même de reconnaître la lucilie bouchère aux stades adulte comme larvaires et d’appliquer des méthodes d’éradication efficaces », affirme Maria Gabriela Mejia, une participante du Honduras. 

L’AIEA continue de travailler en étroite collaboration avec les services nationaux de santé animale de l’Amérique latine pour faciliter la mise en œuvre de la TIS. Elle met en commun des compétences spécialisées sur la gestion globale de ce ravageur et fournit du matériel et des fournitures de laboratoire. En outre, l’AIEA appuie l’élaboration de documents techniques qui aideront les autorités nationales à prendre des décisions éclairées en matière d’application de la TIS dans le cadre d’une approche de la gestion intégrée des ravageurs à l’échelle d’une zone.

 

09/2024
Vol. 65-2

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