Alors que les Rwandais se réjouissent de la forte croissance économique, les experts en énergie essayent, derrière leurs écrans, de faire face à un nouveau défi : répondre à la demande croissante d'électricité dans les années à venir. Le mois dernier, une équipe rwandaise d'experts en énergie a participé à un cours de trois semaines organisé par l'AIEA, destiné à façonner le bouquet énergétique de demain.
« Pour le moment, nous avons ce qu'il faut », déclare Jerome Nsengiyaremye, analyste en politique énergétique au Ministère des infrastructures du Rwanda qui a assisté à une formation de l'AIEA avec bourses à Vienne. « Mais si l'on tient compte de notre développement économique, du PIB et de la croissance démographique, nous devons planifier de manière proactive pour pouvoir répondre à notre demande énergétique en 2040, par exemple. »
L'accès à l'électricité au Rwanda est une priorité pour le gouvernement. Le nombre de ménages ayant accès à l'électricité a triplé au cours des sept dernières années : 34,5 % utilisent actuellement l'électricité dans le pays, contre 10,8 % en 2010. L'objectif est de faire en sorte que 70 % des ménages rwandais aient accès à l'électricité d'ici juin 2018, grâce au réseau national et à un approvisionnement hors réseau.
D'après le plan stratégique pour le secteur énergétique rwandais et le programme-cadre national (PCN) de l'AIEA pour le Rwanda, l'objectif est d'accroître la capacité installée en la faisant passer de160 MW en 2015 à 563 MW en 2018.
Afin de suivre le rythme de la demande énergétique croissante, le Rwanda envisage le recours à diverses sources d'énergie, telles que l'énergie hydroélectrique, le gaz méthane et la tourbe. Il étudie également la possibilité d'exploiter les énergies éolienne, solaire et géothermique. La faisabilité de l’introduction de l'électronucléaire sera également évaluée conformément à l'approche par étapes de l'AIEA.
« Nous envisageons toutes les options énergétiques possibles », déclare M. Nsengiyaremye. « Il est maintenant nécessaire de penser à l'avenir. » Les études élaborées avec l'aide de l'AIEA seront utiles aux décideurs.
À la demande d'un État Membre, l'AIEA fournit des orientations et un appui technique en vue de l'évaluation des différentes options en matière énergétique. Même si cela pourrait contribuer au développement durable, l'AIEA n'influe pas sur le choix des États Membres en matière d'options énergétiques. Son approche de la planification énergétique donne à ceux-ci la possibilité d'évaluer de la même manière toutes les options.
Les différents modèles et outils élaborés par l'AIEA ont aidé les experts rwandais à mieux connaître les options énergétiques de leur pays. Avec le logiciel Energy Balance Studio (EBS), ils ont élaboré une vue d'ensemble de la contribution des différentes sources d'énergie à l'économie nationale. Grâce à l'analyse effectuée à l'aide de l'outil concernant la demande énergétique MAED, ils ont élaboré plusieurs scénarios plausibles de croissance de la demande énergétique.
En utilisant le modèle MESSAGE, ils ont examiné les stratégies d'approvisionnement énergétique qui permettent de répondre à cette demande accrue. Les outils leur ont permis d'étudier l'incidence des changements sociaux, économiques, technologiques et politiques sur les besoins du Rwanda en matière d'énergie et d'électricité. De nombreux facteurs ont été pris en compte, notamment les caractéristiques de la demande, les ressources actuelles, l'offre actuelle, la croissance démographique et le développement économique.
L'application des modèles de l'AIEA permet de comprendre les exigences en matière de planification énergétique et la manière dont les différents composants du système énergétique interagissent et s'influencent mutuellement. Qui plus est, ces modèles permettent de tracer la voie à suivre en matière de politique énergétique à l'appui de la stratégie rwandaise de développement économique et de réduction de la pauvreté en vue d'atteindre les objectifs du programme Vision 2050, souligne Manuel Welsch, économiste de l’énergie à l'AIEA.