Selon le Ministère de la santé publique, près de 8 000 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés en Tunisie de 2011 à 2015, les cancers du poumon et du sein étant les plus fréquents. L’Institut Salah Azaïz établit plus de 20 000 diagnostics par an, et plus de 12 000 patients bénéficient d’un traitement. «Nous devons nous assurer que les doses de rayonnements délivrées pour les traitements sont précises et soigneusement contrôlées, car notre priorité reste les soins donnés aux patients souffrant du cancer», ajoute M. Ben Slimane. Depuis deux ans, le nombre de cas de cancer a augmenté en Tunisie. Entre 1994 et 2009, il est passé de 2 553 à 3 926, soit une augmentation annuelle moyenne de 3,3 %. Néanmoins, cette moyenne a enregistré une baisse relative, mais peu significative, entre 2009 et 2011, avec un total de 3 715 cas.
Comme dans la majorité des pays à revenu faible et intermédiaire, la charge croissante que représente le cancer pèse considérablement sur le système de santé publique de la Tunisie. Avec l’appui de l’AIEA, les médecins tunisiens s’emploient à répondre à une demande grandissante de soins anticancéreux, ce qui implique notamment de convaincre les patients de suivre une cancérothérapie le plus tôt possible.
Un dépistage précoce pour un traitement rapide
La formation continue du personnel médical est indispensable. «Ces technologies permettent aux oncologues tels que moi de visualiser le corps et de choisir le meilleur traitement en fonction du type de cancer, mais nous devons également nous assurer d’utiliser les bons radiopharmaceutiques, qui sont essentiels pour suivre les progrès accomplis et évaluer la façon dont le corps réagit et fonctionne,» explique M. Ben Slimane.
C’est un domaine dans lequel l’AIEA joue un rôle important. Ainsi, son appui à la Tunisie s’est traduit par des formations, un transfert de connaissances et une assistance en vue de l’utilisation correcte et sûre des sources radioactives pour le traitement du cancer. Des experts de l’AIEA ont dispensé des formations à des radiopharmaciens et à des physiciens médicaux pour améliorer le contrôle de la qualité et la sûreté de l’utilisation de la médecine et du matériel radiologiques.
«Nous travaillons main dans la main avec des physiciens médicaux pour nous assurer qu’ils disposent des bonnes connaissances et de la bonne formation pour se protéger et protéger les patients,» déclare Mme Azza Hammou, radiologue en pédiatrie et ancienne directrice du Centre national de radioprotection. «Nos protocoles de sûreté sont conformes aux normes de sûreté de l’AIEA. Les médecins et les techniciens qui manipulent des applications de médecine nucléaire doivent suivre les bonnes procédures tout en se conformant rigoureusement aux principes directeurs de sûreté.»
En médecine radiologique, l’assurance de la qualité est un processus complexe. Elle prend en compte l’évaluation des aspects cliniques, physiques et techniques de l’imagerie diagnostique et du traitement par rayonnements, ainsi que les contrôles en matière de gestion, qui sont essentiels pour éviter les erreurs, les accidents et les erreurs de diagnostic. L’appui de l’AIEA consiste à fournir des orientations techniques en vue de la mise en œuvre et de l’examen de programmes d’assurance de la qualité en matière de radiothérapie, de médecine nucléaire et de radiologie diagnostique dans les hôpitaux.
L’AIEA soutient la Tunisie dans l’action qu’elle mène depuis plusieurs décennies pour améliorer la lutte contre le cancer. Le pays dispose désormais de 17 appareils de radiothérapie pour une population de 10 millions d’habitants, un ratio supérieur à celui de la plupart des pays africains, selon M. Adnan Atwa, responsable de la gestion de programmes pour la Tunisie au Département de la coopération technique de l’AIEA. Depuis 2013, avec l’appui de l’Agence, le gouvernement tunisien a créé des centres de radiothérapie à Tunis, Sousse et Sfax, tous équipés d’une nouvelle génération d’accélérateurs linéaires (linac). Ces appareils de radiotraitement délivrent des rayons X de haute énergie qui visent très précisément les tumeurs. L’assistance de l’AIEA comprend aussi des formations spécialisées, notamment des bourses et des visites scientifiques dans les domaines de la physique médicale et de la radiothérapie.
Pour fournir des recommandations sur le programme complet de lutte contre le cancer de la Tunisie et évaluer ses capacités en la matière, l’AIEA et ses partenaires ont mené en Tunisie une mission intégrée du Programme d’action en faveur de la cancérothérapie, ou mission imPACT, fin 2013. Cela a permis au pays de définir des mesures prioritaires en vue de renforcer ses capacités de planification de la lutte contre le cancer, de prévention, de dépistage précoce, de diagnostic, de traitement et de soins palliatifs. La mission a également contribué à l’amélioration du registre du cancer de la Tunisie, qui assure un suivi des cas de cancer.