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Les techniques isotopiques aident à protéger les zones humides menacées en Afrique et ailleurs

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En Afrique et dans d’autres régions du monde, les zones humides abritent des milliers d’espèces animales et végétales uniques, comme le flamant rose (Phoenicopterus roseus). Ces espèces jouent un rôle important dans la santé globale de l’environnement en améliorant la qualité de l’eau, en luttant contre l’érosion, en stockant du carbone et en maintenant le débit des cours d’eau. Les techniques isotopiques sont utilisées pour préserver et protéger ces zones. (Photo : FAO/Bruno Portier)

Au cours des 60 dernières années, l’une des plus importantes zones humides d’Afrique centrale, le lac Tchad, s'est progressivement asséchée. Les zones humides font partie des écosystèmes les plus menacés au monde et leur sauvegarde est nécessaire pour préserver la santé des populations et de la planète. L’AIEA contribue à la sauvegarde des zones humides en utilisant des techniques isotopiques pour les étudier et les protéger.

L’amélioration de la protection et de la gestion des zones humides peut contribuer à arrêter la dégradation de ces écosystèmes importants. Habitat de diverses espèces animales et végétales, les zones humides jouent aussi un rôle crucial dans l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à celui-ci : elles absorbent le carbone, constituent une protection naturelle contre les tempêtes et les inondations et préservent les écosystèmes. Or, du fait de l’activité humaine, elles s’assèchent à grande vitesse. En effet, elles sont drainées pour créer des terres agricoles ou pâtissent du captage excessif d’eau potable dans les systèmes d’eaux souterraines proches. Quelque 35 % des zones humides ont disparu depuis 1970 et leur vulnérabilité continue de croître à cause des changements de l’utilisation des sols dans le monde. Selon le Secrétariat de la Convention sur les zones humides, la détérioration la plus forte a été signalée en Afrique, en Amérique latine et dans les Caraïbes, tant pour l’ensemble des zones humides que pour les zones humides dites « d’importance internationale ».

Zones humides, eaux souterraines et techniques isotopiques

Les zones humides sont liées aux systèmes d’eaux souterraines parce qu’elles se trouvent là où les eaux souterraines se déversent, au point de transition entre les eaux souterraines et les eaux de surface. « Il importe de comprendre cette relation pour protéger les zones humides à long terme et préserver la durabilité des systèmes d’eaux souterraines qui en dépendent », explique Lucia Ortega, spécialiste en hydrologie isotopique à l’AIEA.

L’AIEA lance un nouveau projet de recherche coordonnée (PRC) pour évaluer les effets du changement hydrologique que les changements de l’utilisation des terres et le changement climatique produisent dans les écosystèmes des zones humides et des eaux souterraines. L’AIEA élaborera des lignes directrices sur les meilleures pratiques concernant l’utilisation d’isotopes stables et radioactifs pour évaluer la durabilité des ressources en eaux souterraines sans endommager les zones humides (voir « En savoir plus »).

Comprendre les interconnexions entre les zones humides pour les préserver

Les zones humides stockent plus de carbone que tout autre écosystème. Le carbone est stocké dans la végétation, la litière, les tourbes, les sols organiques et les sédiments accumulés au fil des années. Lorsque les zones humides se dégradent, elles libèrent du dioxyde de carbone en grande quantité, devenant des sources importantes de gaz à effet de serre, qui réchauffent la planète. Comme les changements des régimes de précipitation peuvent intensifier les inondations ou la sécheresse, les zones humides jouent également un rôle barrière important, protégeant les terres contre les inondations ou l’assèchement et prévenant l’endommagement des infrastructures. Selon Lucia Ortega, en utilisant les isotopes environnementaux pour comprendre comment se maintient le système des zones humides, nous pouvons améliorer les pratiques de gestion des eaux et préserver les zones humides.

Dans le nord de l’Afrique centrale, le lac Tchad, commun à quatre pays — le Tchad, le Nigeria, le Niger et le Cameroun — s’est considérablement asséché et est menacé, comme plusieurs autres zones humides d’Afrique et du monde entier. (Photo : Organisation des Nations Unies, Afrique Renouveau)

En Afrique du Sud, où près de 50 % des écosystèmes des zones humides sont gravement menacés par l’érosion, l’agriculture, l’exploitation minière et d’autres activités humaines, les techniques isotopiques sont déjà utilisées pour comprendre le processus de renouvellement et les interactions avec les systèmes d’eau de surface, et pour améliorer la conservation de ces zones. « Ces méthodes sont essentielles pour prévoir les effets du changement climatique. Elles permettent de valider et de vérifier les simulations hydrologiques des modèles », explique Andrew Watson, spécialiste en hydrologie à l’Université de Stellenbosch. « Les isotopes peuvent aider à formuler des modèles conceptuels plus concrets. »

Au fil des ans, l’AIEA a également aidé à mieux comprendre l’utilisation des techniques isotopiques pour évaluer les zones humides en Bolivie, dans d’autres pays de la région des Andes et dans le monde entier. Conformément à la Convention de Ramsar sur les zones humides d’importance internationale, en particulier comme habitat de la sauvagine, elle poursuit son action au moyen du nouveau PRC. En effet, elle élabore des méthodes qui permettent aux pays de mieux évaluer l’état actuel de leurs zones humides et de mettre au point des stratégies d’adaptation pour faire face aux effets du changement climatique.

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