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Un cadre doit être convenu pour la sûreté et la sécurité des centrales nucléaires ukrainiennes, déclare le Directeur général de l'AIEA devant le Conseil des gouverneurs

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Le Directeur général de l'AIEA, Rafael Mariano Grossi, a prononcé une allocution à l’ouverture de la 1614e réunion du Conseil des gouverneurs, qui a eu lieu aujourd’hui au Siège de l'Agence, à Vienne (Autriche). (Photo : D. Calma/AIEA)

« Nous voyons ce qu’il se passe sur le terrain en Ukraine. Cette fois, s’il se produit un accident nucléaire, ce ne sera pas à cause d’un tsunami provoqué par Mère Nature, mais ce sera le résultat de l’incapacité des hommes à agir alors que nous savions que nous pouvions agir et que nous devions agir. »

C’est par cet avertissement que le Directeur général, Rafael Mariano Grossi, a ouvert la session ordinaire du Conseil des gouverneurs de l’AIEA à Vienne ce matin.

« Les opérations militaires sur le site des installations électronucléaires ukrainiennes font peser un risque d’accident nucléaire sans précédent, mettant en danger la vie des personnes qui vivent en Ukraine et dans les pays voisins, y compris la Russie », a-t-il dit.

Il a réaffirmé que l'AIEA était prête à apporter son aide pour garantir la sûreté et la sécurité des installations nucléaires ukrainiennes et a appelé les parties à convenir d'un « cadre réaliste pour rétablir l'engagement en faveur de la sûreté nucléaire ».

 « Nous devons éviter qu'un accident nucléaire se produise en Ukraine. Ne nous cachons pas derrière des solutions du style “tout” ou “rien” », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il était prêt à se rendre partout où ce serait nécessaire pour obtenir un tel accord.

M. Grossi a informé les 35 membres du Conseil de la situation en matière de sûreté et de sécurité sur les sites nucléaires ukrainiens, dont deux sont sous le contrôle des forces militaires russes.

Concernant la situation à la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, la plus grande d'Europe, M. Grossi a déclaré :

« Les forces russes contrôlent maintenant la direction de la centrale et soumettent à leur approbation les décisions techniques prises par les exploitants ukrainiens.  Ce n'est pas une manière sûre de gérer une centrale nucléaire. Le fait que les communications internes et externes aient été perturbées et coupées, comme nous l'ont signalé l'exploitant et l’organisme de réglementation ukrainiens, n’est pas non plus sûr ni tenable à long terme.  Je suis vivement préoccupé par la tournure des événements. »

Toutes les mises à jour de l'AIEA sur le conflit en Ukraine, y compris les déclarations du Directeur général, M. Grossi, peuvent être consultées sur cette page.

Clarification des questions avec l'Iran

M. Grossi a mis le Conseil des gouverneurs au fait des négociations qu’il a tenues à Téhéran samedi et de la série de mesures convenues pour clarifier et résoudre les questions de garanties que le Conseil des gouverneurs a relevées en novembre 2021 et prié l'Iran de résoudre. M. Grossi a demandé à plusieurs reprises à l'Iran de répondre aux questions de l'AIEA concernant les matières nucléaires qui avaient été présentes à des emplacements non déclarés en Iran et le lieu où se trouvaient actuellement ces matières non déclarées à l'Agence.

« L’Agence attend avec intérêt de recevoir de l’Iran, le 20 mars au plus tard, des explications écrites assorties de pièces justificatives concernant les questions soulevées par l’AIEA auxquelles il n’a pas répondu à propos de trois emplacements en particulier », a dit M. Grossi. 

La déclaration commune de M. Grossi et de Mohammad Eslami, Vice-Président de l’Iran, peut être consultée intégralement ici.

Applications nucléaires

M. Grossi a mis en avant une initiative de l'AIEA visant à améliorer l'accès au traitement du cancer dans les pays en développement. Avec le soutien politique de plusieurs chefs d'État et de gouvernement, M. Grossi a lancé l’initiative Rayons d'espoir en marge du sommet de l'Union africaine le 4 février, journée mondiale du cancer. L'AIEA travaille avec des organisations internationales, des donateurs et des gouvernements pour appuyer l’établissement et l’extension de services de radiothérapie en Afrique et au-delà, en particulier dans les pays qui ne disposent d’aucune installation de radiothérapie.

M. Grossi a également évoqué l'initiative Action intégrée contre les zoonoses (ZODIAC), qui vise à aider les pays à lutter contre les futures pandémies, dans le cadre de laquelle l’Agence a fourni du matériel à des laboratoires du monde entier et organisé un cours virtuel qui a attiré près de 600 participants de 94 pays à la fin du mois dernier.

Il a informé le Conseil de l’intervention rapide mise sur pied par l'Agence pour aider les chercheurs et les autorités en Amérique latine à combattre une maladie qui détruit les plantations de bananes, menace les moyens de subsistance des agriculteurs et compromet la sécurité alimentaire. Au cours des cinq prochaines années, l'AIEA aidera la Communauté andine à détecter, à surveiller et à circonscrire les maladies. Elle leur fournira également des conseils scientifiques pour renforcer la résistance génétique des bananiers grâce à la sélection par mutation et aux biotechnologies associées.

Énergie nucléaire

M. Grossi a salué les récentes décisions des gouvernements du Nigeria et des Philippines d'introduire l'électronucléaire dans leur bouquet énergétique. Trente-deux pays utilisent actuellement l'énergie d’origine nucléaire et une trentaine envisagent ou planifient son introduction ou ont déjà débuté le processus. L'AIEA aide les pays à utiliser cette énergie de manière efficace, sûre et sécurisée.

M. Grossi a souligné l'importance des conférences à venir.

La Conférence des Parties à l’Amendement à la Convention sur la protection physique des matières nucléaire (A/CPPMN), prévue du 28 mars au 1er avril 2022, permettra d’examiner l’Amendement pour la première fois depuis son entrée en vigueur en 2016.  La CPPMN, telle que renforcée par l'Amendement, fournit un cadre pour la protection des installations nucléaires ainsi que des matières nucléaires en cours d'utilisation, de stockage et de transport au niveau national et de transport au niveau international. Elle harmonise les approches utilisées pour lutter contre les actes criminels mettant en jeu des matières et des installations nucléaires.

La première Conférence internationale de l’AIEA sur le droit nucléaire ayant pour thème « Le débat mondial », qui se tiendra du 25 au 29 avril, offrira à des experts mondiaux de premier plan un cadre unique pour mettre en commun leurs données d’expériences et examiner des questions d'actualité en vue d’approfondir les différents domaines du droit nucléaire et de diffuser les connaissances internationales remarquables en la matière.

« En préparation de la conférence, l'AIEA a publié un livre intitulé Nuclear Law: The Global Debate, téléchargeable gratuitement sur notre site web, qui présente une perspective mondiale des questions actuelles et émergentes en matière de droit nucléaire au moyen d’articles rédigés par des universitaires, des décideurs et des scientifiques éminents dans le domaine », a déclaré M. Grossi, ajoutant que cet ouvrage pourrait bientôt rivaliser avec les thrillers juridiques sur les listes des meilleures ventes.

En ce qui concerne la gestion du Secrétariat, le Directeur général a fait le point sur les progrès de l'AIEA en matière de parité des sexes, soulignant que la moitié des six postes de directeur général adjoint de l'Agence étaient désormais occupés par des femmes et que les femmes représentaient globalement 37 % des administrateurs et fonctionnaires de rang supérieur, un record.

Il a conclu en résumant le travail qui attendait l'AIEA et son rôle primordial :

« À ce tournant dans l'histoire, nous sommes déterminés à utiliser tous les outils et toutes les compétences de cette remarquable institution pour contribuer aussi largement et durablement que le permet notre mandat à la sûreté, à la sécurité et au contrôle des matières nucléaires en Ukraine et en Iran. »

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