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L’AIEA revoit à la hausse ses projections concernant l’utilisation de l’électronucléaire en 2050

55/2021
Vienne (Autriche)

Photo : Médiathèque EDF/2021.

Pour la première fois depuis l’accident de Fukushima Daiichi, survenu il y a dix ans, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a revu à la hausse ses projections en matière de croissance potentielle de la capacité électronucléaire aux fins de la production d’électricité au cours des prochaines décennies.

Ce changement dans les prévisions annuelles de l’AIEA concernant cette source d’énergie bas carbone n’est pas encore une nouvelle tendance, mais intervient alors que le monde entend se détourner des combustibles fossiles pour lutter contre le changement climatique. De nombreux pays envisagent de recourir à l’électronucléaire pour favoriser la production d’une énergie fiable et propre.

Dans la projection haute, l’AIEA s’attend maintenant à ce que la capacité mondiale de production d’énergie nucléaire double, passant de 393 gigawatts (de puissance électrique nette) l’an dernier à 792 GWe d’ici 2050. Par rapport à la projection haute de l’année précédente, qui était de 715 GWe d’ici 2050, l’estimation a été revue à la hausse et augmentée d’un peu plus de 10 %. Cependant, pour que la projection haute de l’AIEA se réalise, il faudrait que des mesures importantes soient prises, notamment une mise en œuvre accélérée des technologies nucléaires innovantes. Dans les projections basses, d’ici 2050, la capacité nucléaire mondiale se maintiendrait plus ou moins au niveau actuel de 392 GWe.

« Les nouvelles projections de l’AIEA montrent que l’électronucléaire va continuer de jouer un rôle essentiel dans la production d’énergie bas carbone », indique Rafael Mariano Grossi, Directeur général de l’AIEA. « Les conclusions du rapport sont encourageantes en ce sens qu’elles attestent une sensibilisation croissante au fait que l’électronucléaire, qui n’émet pas de dioxyde de carbone à l’étape de l’exploitation, est absolument essentiel à la réalisation de la neutralité carbone. »

Le rapport indique que les projections de 2021 reflètent une prise de conscience croissante des questions relatives au changement climatique et de l’importance de l’électronucléaire dans la réduction des émissions liées à la production d’électricité. Les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris de 2015 pourraient contribuer à accroître le recours à l’électronucléaire si les politiques énergétiques et les structures de marché nécessaires facilitent les investissements dans les technologies bas carbone de production d’électricité acheminable. Les projections hautes de l’AIEA, qui prévoient un doublement de la capacité nucléaire d’ici 2050, sont proches des projections de l’Agence internationale de l’énergie figurant dans la publication intitulée Net Zero by 2050 – A Roadmap for the Global Energy Sector, de mai 2021.

Comme on s’attend à ce que la production mondiale d’électricité double au cours des trois prochaines décennies, il faudrait que la capacité de production d’énergie d’origine nucléaire augmente considérablement pour que l’électronucléaire conserve sa part actuelle dans le bouquet énergétique.

Dans ses projections hautes, l’AIEA estime que l’énergie nucléaire pourrait représenter environ 12 % de l’électricité produite dans le monde d’ici 2050, contre 11 % dans les projections hautes établies l’an dernier pour 2050. L’électronucléaire a assuré environ 10 % de la production mondiale d’électricité en 2020. L’hypothèse basse est inchangée, la part prévue du nucléaire dans la production totale d’électricité se maintenant à 6 %. Le charbon reste la principale source d’énergie pour la production d’électricité, conservant en 2020 une part d’environ 37 %, qui a peu changé depuis 1980.

Les nouvelles technologies bas carbone, comme la production d’hydrogène nucléaire ou les réacteurs de petite taille et les réacteurs avancés, joueront un rôle central dans la neutralité carbone. L’électronucléaire pourrait fournir des solutions pour répondre à l’augmentation de la consommation d’électricité, aux préoccupations concernant la qualité de l’air et aux questions relatives à la sécurité de l’approvisionnement énergétique. Bon nombre d’innovations destinées à étendre l’utilisation des techniques nucléaires dans des domaines connexes, comme la production de chaleur ou d’hydrogène, sont actuellement mises au point.

De plus en plus de réacteurs font l’objet d’un programme de gestion du vieillissement et d’une exploitation à long terme. Environ deux tiers des réacteurs nucléaires de puissance sont en exploitation depuis plus de 30 ans. Bien que l’exploitation de plusieurs centrales nucléaires ait été prolongée jusqu’à 60 ans, voire 80 ans, des capacités nucléaires nouvelles importantes sont nécessaires pour compenser, à long terme, les mises à l’arrêt définitif. Il faudra un grand nombre de nouvelles centrales nucléaires pour maintenir la part actuelle de l’électronucléaire dans le bouquet énergétique. Des incertitudes subsistent quant au remplacement des réacteurs, en particulier en Europe et en Amérique du Nord.

La 41e édition de la publication intitulée Energy, Electricity and Nuclear Power Estimates for the Period up to 2050 donne des informations détaillées, par région, sur les tendances mondiales en matière d’électronucléaire. Les estimations basses et hautes présentées dans le rapport correspondent à des scénarios de déploiement de l’électronucléaire dans le monde très différents mais pas extrêmes. Elles établissent une fourchette plausible de l’évolution des capacités nucléaires par région et dans le monde.

Depuis leur première publication il y a 40 ans, les projections de l’AIEA ont été continuellement affinées pour refléter l’évolution du paysage énergétique mondial. Au cours des dix dernières années, l’évolution de l’électronucéaire est toujours restée dans la fourchette des projections définie dans les éditions précédentes du rapport.

 

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