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La contribution de l’AIEA à l’amélioration de la sûreté nucléaire au cours des dernières décennies

Gustavo Caruso

Gustavo Caruso est le Directeur du Bureau de la coordination de la sûreté et de la sécurité au Département de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA depuis 2016. Il a plus de 40 ans d’expérience dans des domaines liés à la sûreté nucléaire. Après l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi en 2011, il a été désigné coordonnateur spécial du Plan d’action de l’AIEA sur la sûreté nucléaire. Il a également coordonné les travaux d’élaboration de L’accident de Fukushima Daiichi – Rapport du Directeur général et de cinq volumes techniques. Il a commencé sa carrière à l’Autorité de réglementation nucléaire (ARN) de l’Argentine.

À la suite de l’accident survenu à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi le 11 mars 2011, l’AIEA a entrepris d’examiner et de renforcer la sûreté nucléaire dans le monde, en se fondant sur les enseignements tirés de l’accident.

Plan d’action de l’AIEA sur la sûreté nucléaire

Les activités en la matière ont débuté à la Conférence ministérielle de l’AIEA sur la sûreté nucléaire, tenue en juin 2011, car c’est là que le Plan d’action de l’AIEA sur la sûreté nucléaire a été élaboré. Approuvé par les États Membres en septembre 2011, ce plan d’action établit un programme de travail destiné à renforcer le cadre mondial de sûreté nucléaire en réponse à l’accident.

L’AIEA doit et va continuer de s’employer à formuler sa stratégie de sûreté nucléaire. Il est essentiel qu’elle entretienne et exploite cette dynamique en faveur du renforcement de la sûreté nucléaire mondiale.
Gustavo Caruso, Directeur, Bureau de la coordination de la sûreté et de la sécurité, Département de la sûreté et de la sécurité nucléaires de l’AIEA

Depuis l’adoption du Plan d’action, d’importants progrès ont été accomplis dans plusieurs domaines clés, par exemple : les évaluations des vulnérabilités de la sûreté des centrales nucléaires ; le renforcement des services d’examen de la sûreté par des pairs proposés par l’AIEA ; la révision, si besoin, des normes de sûreté de l’AIEA applicables ; l’amélioration des capacités de préparation et de conduite des interventions d’urgence ; la création de capacités en sûreté nucléaire et radiologique ainsi que le renforcement de la culture de sûreté ; l’amélioration de la communication et de l’échange d’informations avec les autorités nationales et entre celles-ci ; la coopération internationale ; et le renforcement des cadres juridiques internationaux pertinents.

En application du Plan d’action, les pays qui exploitent des centrales nucléaires ont pris des mesures (qui doivent encore être mises en œuvre) destinées à renforcer la sûreté nucléaire, en se fondant notamment sur les résultats des évaluations de la vulnérabilité des centrales nucléaires. En outre, le Plan d’action a renforcé l’importance d’une attitude de remise en question concernant la sûreté, notamment les postulats actuels au sujet de la sûreté et leur validité. En mettant en œuvre le Plan d’action, toutes les parties concernées ont montré leur volonté de renforcer la sûreté nucléaire dans les centrales et les autres installations nucléaires dans le monde.

Dans le Plan d’action, le Secrétariat de l’AIEA, les États Membres et les organisations internationales compétentes sont priés d’examiner et de renforcer le cadre international de préparation et de conduite des interventions d’urgence. En réponse à l’accident, les pays ont pris des mesures immédiates qui ont consisté notamment à effectuer des « tests de résistance » pour réévaluer la conception de leurs centrales nucléaires face à des aléas naturels extrêmes susceptibles d’affecter leur site, à installer des sources d’énergie électrique de secours ainsi que des conduites d’approvisionnement en eau supplémentaires et à renforcer la protection des centrales contre les événements externes extrêmes.

Si la majeure partie des travaux menés dans le cadre du Plan d’action sont terminés, des activités à plus long terme seront achevées dans les prochaines années. On continue de s’attacher à tirer les enseignements de l’accident.

Dans le cadre du Plan d’action, l’AIEA a tenu neuf réunions d’experts internationaux qui ont analysé des aspects techniques essentiels de l’accident de Fukushima Daiichi. Elle a aussi mené plus de 15 missions d’experts internationaux au Japon et publié des rapports sur ces missions pour créer un socle de connaissances solide pour l’avenir et continuer de renforcer la sûreté nucléaire dans le monde.

Le rapport de l’AIEA sur l’accident de Fukushima Daiichi

En 2015, l’AIEA a publié le document intitulé L’accident de Fukushima Daiichi, qui est un rapport complet sur l’accident. Il fournit une évaluation faisant autorité, factuelle et équilibrée des causes et des conséquences de l’accident ainsi que des enseignements qui en ont été tirés. Ce rapport du Directeur général de l’AIEA et les cinq volumes techniques qui l’accompagnent sont le fruit d’un vaste effort international concerté, auquel ont participé plus de 180 experts de 42 pays (dotés ou non de programmes électronucléaires) et de plusieurs organismes internationaux. Leur participation a assuré une large représentation de l’expérience et des connaissances. Un groupe consultatif technique international a donné des avis sur des questions techniques et scientifiques.

Le rapport décrit l’accident, ainsi que ses causes, son évolution et ses conséquences, à partir de données et d’informations pouvant remonter à mars 2015 et provenant d’un large éventail de sources. Il expose les résultats des activités de mise en œuvre du Plan d’action de l’AIEA sur la sûreté nucléaire, et met en relief les principales observations et leçons. D’importantes quantités de données ont été fournies par le Gouvernement japonais et d’autres organismes du Japon.

Le rapport appelle à une approche systémique de la sûreté traitant l’ensemble d’un système en examinant les interactions dynamiques au sein de trois types de facteurs du système et entre eux : les facteurs humains ou individuels (p. ex. connaissances, pensées, décisions, actions), les facteurs techniques (p. ex. technologie, outils, équipements) et les facteurs organisationnels (p. ex. système de gestion, structure organisationnelle, gouvernance, ressources). L’approche systémique de la sûreté considère ce système complexe d’interactions comme un tout. Le rapport souligne également qu’il importe d’examiner plus avant comment les forces et les faiblesses de tous ces facteurs s’influencent réciproquement afin de réduire ou d’éliminer les risques de manière proactive.

Les organismes internationaux compétents ont collaboré pour établir des explications claires et accessibles des principes et des critères de radioprotection afin que les décideurs et le public puissent mieux comprendre comment les appliquer. Le rapport conclut qu’une meilleure stratégie de communication est nécessaire pour informer toutes les parties prenantes, y compris le public, de la justification de telles mesures et actions.

Il convient également de signaler que malgré la magnitude de l’accident, qui a entraîné la fusion de trois cœurs de réacteurs nucléaires, aucun effet sanitaire dû aux rayonnements pouvant être imputé à l’accident n’a été observé chez les travailleurs ou dans la population. Cela cadre avec les conclusions que le Comité scientifique des Nations Unies pour l’étude des effets des rayonnements ionisants (UNSCEAR), comité indépendant, a rendues à l’Assemblée générale des Nations Unies au cours des années qui ont suivi l’accident.

L’accident de Fukushima Daiichi a souligné l’importance vitale d’une coopération internationale efficace en matière de sûreté nucléaire, dont l’AIEA est maintenant un acteur majeur. Ainsi, les recommandations figurant dans le rapport ont été intégrées dans les réglementations nationales, les normes de sûreté internationales et les guides de sûreté de l’AIEA correspondants.

L’AIEA continue d’analyser les aspects techniques pertinents de l’accident de Fukushima Daiichi, de partager les enseignements tirés et de les diffuser au sein de l’ensemble de la communauté nucléaire. Elle continuera d’aider les États Membres à mettre en œuvre ces enseignements et envisagera d’effectuer des examens de suivi appropriés de la mise en œuvre des mesures prises. Que le rapport soit achevé ne signifie pas que notre tâche est terminée – l’AIEA doit et va continuer de s’employer à formuler sa stratégie de sûreté nucléaire. Il est essentiel qu’elle entretienne et exploite cette dynamique en faveur du renforcement de la sûreté nucléaire mondiale.

03/2021
Vol. 62-1

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