You are here

Les autorités vétérinaires camerounaises luttent contre une maladie qui infecte les ruminants au moyen de techniques dérivées du nucléaire

,

En tant qu’agriculteur à temps partiel, il a pu bénéficier d’un projet portant sur le diagnostic précoce des maladies animales soutenu par l’AIEA et la FAO. Grâce à une campagne de vaccination fondée sur les informations diagnostiques, ses caprins sont désormais protégés contre la peste des petits ruminants (PPR). (Photo : M. Gaspar/AIEA) 

GAROUA, CAMEROUN – Babi Dairou a perdu un tiers de ses caprins en 2019, lorsqu’une maladie virale qui infecte les petits ruminants, tels que les moutons et les chèvres, a fait des ravages dans le nord du Cameroun. Pourtant, Babi Dairou affirme s’en être plutôt bien tiré en comparaison avec nombre de ses voisins, dont le cheptel tout entier a été décimé par la peste des petits ruminants (PPR), du nom scientifique de cette maladie dévastatrice. Cependant, grâce à une campagne de vaccination massive menée dans le cadre du Programme mondial d’éradication de la PPR, qui reçoit l’appui de l’AIEA, de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), les caprins de cet ouvrier et agriculteur à temps partiel et d’autres habitants du même village sont désormais protégés contre cette maladie. 

La PPR est endémique dans la région – les mouvements d’animaux sauvages et de troupeaux domestiques par-delà les frontières favorisent sa propagation – et les précédentes campagnes de lutte contre cette maladie ne l’ont pas empêchée de refaire surface au Cameroun. Dans le nord du pays, formé d’une étroite bande de terre qui pénètre dans le sud du Sahel, la frontière avec le Tchad à l’est et avec le Nigeria à l’ouest n’est jamais bien loin et les maladies animales transfrontières peuvent donc se propager facilement. Cette partie du pays, constituée des régions du Nord et de l’Extrême-Nord, héberge 80 % du bétail camerounais, explique Gabriel Toumba, coordonnateur régional du projet de développement de l’élevage, un programme soutenu par la Banque mondiale et dans le cadre duquel la campagne de vaccination sur le terrain a été coordonnée. En moyenne, chaque année durant les trois ans qu’a duré la campagne, 88 % des petits ruminants ont été vaccinés à l’aide de vaccins produits par le Laboratoire national vétérinaire (LANAVET), situé à seulement 15 km au sud de Garoua. 

Le LANAVET produit chaque année 25 millions de doses de vaccin destinées à lutter contre diverses maladies animales qui infectent les bovins, les petits ruminants et les volailles. Pour effectuer ses activités de diagnostic et de contrôle de la qualité, il recourt à des techniques nucléaires et connexes (voir Le rôle des techniques nucléaires et connexes dans le diagnostic de la PPR). En effet, en déambulant dans son usine de 1 200 mètres carrés, on découvre que la moitié du matériel du Laboratoire provient de dons de l’AIEA, effectués par l’intermédiaire du programme de coopération technique et du réseau VETLAB, un réseau mondial de laboratoires diagnostiques vétérinaires nationaux ayant pour mission de promouvoir la recherche, le transfert de technologies et l’échange d’informations, qui est coordonné par le Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture, sis à Vienne (Autriche). 

L’appui apporté de longue date par l’AIEA, en partenariat avec la FAO, va bien au-delà du don de matériel : les deux organisations ont fourni au LANAVET des formations et des conseils spécialisés ainsi que des réactifs et des consommables pour lui permettre de mener ses travaux de recherche et de contrôle de la qualité, déclare Simon Dickmu Jumbo, Directeur du Département de diagnostic des maladies animales du laboratoire national. Ce renforcement des compétences, associé aux conseils réguliers fournis par l’AIEA, a permis au laboratoire d’obtenir la certification relative à la norme ISO 17025 et de devenir le seul laboratoire vétérinaire dans ce cas en Afrique centrale. Le laboratoire a ainsi pu accroître ses capacités et apporte maintenant son appui à plusieurs pays de la région en exportant sept vaccins vétérinaires différents. Des agriculteurs du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Gabon, du Ghana, du Nigeria et du Tchad bénéficient du soutien fourni par le LANAVET, qui propose désormais notamment, par l’intermédiaire de l’AIEA, des formations régionales et des bourses à des chercheurs vétérinaires de ces pays. Parallèlement à ses activités de diagnostic des maladies et de production de vaccins, le LANAVET effectue des tests de contrôle de la qualité sur des médicaments vétérinaires importés par le Cameroun, pour lesquels il utilise également des techniques nucléaires et connexes.  

Une épidémie qui s’est rapidement propagée

Un chercheur du Laboratoire national vétérinaire du Cameroun (LANAVET) prépare un échantillon aux fins d’une analyse de RT-PCR dans le cadre de l’action nationale de détection précoce de la peste des petits ruminants (PPR) et de la lutte contre cette maladie. (Photo : M. Gaspar/AIEA) 

En 2019, ce sont les experts du LANAVET qui ont diagnostiqué les cas de peste des petits ruminants et confirmé l’épidémie : 44 % des animaux testés étaient infectés par la maladie.  

Simon Dickmu Jumbo explique qu’après la campagne qui a permis de vacciner quelque cinq millions de petits ruminants dans tout le pays, moins de 5 % des animaux de l’échantillon analysé sont tombés malades, et ce pourcentage continue de diminuer. 

« C’est la preuve que le LANAVET, en collaboration avec l’AIEA, a rempli l’objectif principal du projet : contribuer à l’atténuation de la pauvreté parmi les petits agriculteurs grâce à la lutte contre la PPR, en soutenant le programme de vaccination national et en orientant la stratégie nationale de vaccination », souligne Simon Dickmu Jumbo.     

Gabriel Toumba, du projet de développement de l’élevage, affirme que lorsque la campagne arrivera à son terme en janvier 2023, la vigilance sera de mise. Les mouvements de ruminants sauvages et les rencontres entre troupeaux menés le long de vastes étendues de terre par leurs éleveurs constituent des conditions idéales pour le déclenchement d’une nouvelle épidémie, qui peut survenir à tout moment. Gabriel Toumba ajoute que pour réduire ce risque, le Gouvernement restera sur ses gardes et utilisera sa stratégie de vaccination et de lutte contre la maladie pour stopper rapidement la propagation d’une nouvelle épidémie. 

Les agriculteurs comme Babi Dairou devront probablement rester vigilants jusqu’en 2030, année cible pour l’éradication de la maladie à l’échelle mondiale fixée par la FAO, qui aide les pays d’Afrique à lutter contre la PPR. « C’est seulement à ce moment-là que nous pourrons exclure tout risque de réintroduction de la PPR par un des pays voisins », affirme Babi Dairou. 

Suivez-nous

Lettre d'information