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Aide d'urgence de l'AIEA et de la FAO au Pakistan touché par les inondations en matière de fertilité des sols et de maladies animales

On estime que 33 millions de personnes ont été touchées par les inondations au Pakistan en 2022. (Photo : A. Majeed/Protection civile et aide humanitaire, UE)

Des pluies de mousson exceptionnellement abondantes et la fonte rapide des glaciers à la suite d’une vague de chaleur intense cette année ont entraîné des inondations historiques au Pakistan. Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence en août ; à la fin du mois, un tiers du pays était sous l’eau. Outre les pertes tragiques en vies humaines, il y a eu des déplacements massifs de population et les dommages économiques sont estimés à plus de 40 milliards de dollars des États-Unis. L’agriculture est particulièrement vulnérable aux catastrophes naturelles, telles que les inondations, qui ont des conséquences à court et à long terme, comme les pertes de récoltes et de bétail, les épidémies et la destruction des infrastructures rurales et des systèmes d’irrigation.

L’AIEA et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont travaillé en étroite collaboration avec le Gouvernement pakistanais, la Commission pakistanaise de l’énergie atomique et les principaux instituts agricoles et vétérinaires nationaux, afin de mettre au point un programme de soutien d’urgence destiné à aider le pays à appliquer la science nucléaire pour mieux comprendre l’impact des inondations sur les sols, les cultures et la propagation potentielle de maladies animales et de zoonoses. Le programme comprend la fourniture d’équipements scientifiques et de réactifs et des activités de formation.

« Les inondations au Pakistan ne sont que la plus récente conséquence du changement climatique non maîtrisé et, s’il est désormais trop tard pour arrêter ces inondations, il n’est pas trop tard pour empêcher la situation d’empirer », déclare Lee Kheng Heng, chef de la Section de la gestion des sols et de l’eau et de la nutrition des plantes du Centre mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l’alimentation et l’agriculture. Par l’intermédiaire de son programme de coopération technique, l’AIEA a coordonné la livraison de matériel permettant de mesurer les propriétés physiques et chimiques des sols inondés, telles que le pH, la conductivité électrique et les niveaux de nutriments, tandis que le Centre mixte FAO/AIEA fournit l’expertise technique nécessaire à l’utilisation de ce matériel.

Les inondations ont un impact sur la capacité des agriculteurs de semer leurs graines et de préparer leurs terres pour les saisons à venir. « Les eaux de crue transportent des nutriments et des sédiments qui, lorsqu’ils se déposent sur les plaines inondables, peuvent améliorer la fertilité des sols. Mais ils peuvent aussi être emportés en aval », dit M. Heng. « La mauvaise aération des sols inondés peut entraîner de nombreuses modifications du sol et des plantes qui peuvent avoir une influence négative sur la croissance. On ne sait pas encore comment seront les terres agricoles pakistanaises une fois que l’eau se sera retirée. Grâce aux techniques nucléaires, les experts locaux peuvent analyser la situation et chercher des moyens d’améliorer la fertilité. »

Le Pakistan travaille depuis longtemps en étroite collaboration avec l’AIEA. Son Institut nucléaire pour l’agriculture et la biologie est responsable, depuis 1972, de l’introduction de nombreuses cultures vivrières et commerciales au moyen de la sélection par mutation – technique nucléaire où l’irradiation des semences permet des variations génétiques spontanées pour l’obtention de cultures plus productives et résistant mieux au climat. Grâce à des décennies de formation et de partenariats, le pays a aussi acquis une expertise de la mesure de la fertilité des sols, mais il manque de matériel pour faire face à une crise de cette ampleur.

Le risque de maladies animales

La crise a aussi affecté les soins donnés au bétail, qui a été déplacé par les inondations. Carla Bravo de Rueda, administratrice technique en santé animale au Centre mixte, souligne l’impact que cela pourrait avoir sur la propagation des maladies animales et des zoonoses. « Les mouvements d’animaux et l’augmentation des contacts entre des populations animales mélangées constituent un risque pour la transmission de maladies animales et de zoonoses », dit-elle. « Les laboratoires vétérinaires et les autorités ont besoin de plus de capacités pour diagnostiquer les maladies animales et lutter contre elles, en repérant les épidémies avant qu’elles ne deviennent incontrôlables. »

Le Centre mixte FAO/AIEA envoie des outils de diagnostic moléculaire et sérologique au Pakistan pour dépister des maladies telles que la fièvre aphteuse, la dermatose nodulaire contagieuse et la peste des petits ruminants, qui correspondent toutes à des risques endémiques préexistants dans le pays. En outre, il évalue avec les autorités vétérinaires pakistanaises une stratégie en vue d’une éventuelle vaccination de certains animaux pour les protéger des maladies et prévenir ainsi de futures épidémies.

« Nous nous trouvons dans une situation où des animaux immunisés pourraient être exposés à des maladies potentiellement mortelles », explique Mme Bravo de Rueda. « Dans le même temps, les abris de ces animaux sont inondés et les terres sur lesquelles ils se nourrissent sont sous l’eau. Cette crise animale pourrait déboucher sur une autre crise humaine, car les gens dépendent de leur bétail pour leur alimentation et leurs revenus. »

Grâce à un projet de coopération technique concernant l’agriculture, qui a débuté cette année et se poursuivra jusqu’en 2025, l’AIEA continuera d’aider le Pakistan à renforcer ses capacités humaines et techniques pour assurer la sécurité alimentaire, y compris la sécurité sanitaire des aliments et la résilience climatique à moyen et à long terme.

« La communauté internationale doit être solidaire face à une telle catastrophe due au changement climatique », dit Jane Gerardo-Abaya, directrice de la Division de l’Asie et du Pacifique du Département de la coopération technique de l’AIEA. Elle explique que l’AIEA entretient un partenariat solide avec le Gouvernement pakistanais et qu’elle intensifie actuellement son soutien au relèvement rapide et au renforcement de la résilience par l’intermédiaire de son programme de coopération technique et du Centre mixte FAO/AIEA.

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