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Mise en place d’installations émettant des rayonnements ionisants aux Philippines et au-delà

Puja Daya

Le synchotron de l’Université de technologie de Suranaree (Thaïlande) est utilisé dans les domaines de l’agriculture, de la médecine, de la pharmacie et de l’industrie. (Photo : Institut de recherche par la lumière synchrotron)

Le cancer est la deuxième cause de mortalité aux Philippines, selon les chiffres de l’Observatoire mondial du cancer pour 2020, puisque le pays enregistre près de 100 000 décès liés au cancer par an. La détection précoce des tumeurs est essentielle pour réduire ce taux de mortalité, mais comme un scanner d’imagerie médicale coûte en moyenne près de 2 000 dollars des États-Unis, de nombreux Philippins ne peuvent même pas s’en offrir un.

« L’un des principaux problèmes rencontré aux Philippines est le manque de ressources pour maintenir et renforcer la détection du cancer. De ce fait, de nombreux patients atteints de cancer ne sont donc ni diagnostiqués ni traités », a déclaré Carlos Arcilla, directeur de l’Institut philippin de recherche nucléaire. Carlos Arcilla et son équipe espèrent remédier à ce manque de capacités en créant un nouveau cyclotron - un type d’installation de rayonnements ionisants - à Manille, afin de produire des radiopharmaceutiques essentiels au diagnostic et au traitement du cancer, ainsi que des maladies cérébrales et cardiovasculaires.

Il sera utile pour les personnes qui participent au développement d’installations émettant des rayonnements ionisants de bénéficier de conseils qui leur permettront d’entreprendre de façon organisée et méthodique, ce qui facilitera la mise en œuvre et l’utilisation à plein régime une fois que l’installation aura commencé à fonctionner et à fournir des services. »
Nuno Pessoa Barradas, spécialiste des réacteurs de recherche, AIEA

Actuellement, les Philippines ne disposent que de quatre cyclotrons, mais ceux-ci appartiennent à des acteurs privés, et parce que le pays ne dispose que d’un nombre limité d’installations de tomographie à émission de positons-tomodensitométrie (PET-CT), seuls cinq pour cent des patients atteints de cancer peuvent recevoir un diagnostic. Les cyclotrons sont des accélérateurs qui produisent des radiopharmaceutiques, qui sont administrés aux patients avant la réalisation d’une PET-CT - un examen médical qui crée des images 3D de haute qualité, généralement d’organes et de tissus, pour aider à détecter des maladies et à visualiser des tumeurs. Avec un nouveau cyclotron, les Philippines pourraient produire davantage de radiopharmaceutiques dans le pays, ce qui faciliterait l’accès à la PET-CT.

Doté d’un cyclotron et d’un scanner de PET-CT publics, le nouveau Centre de recherche et d’innovation en médecine nucléaire permettra à environ 5 000 patients supplémentaires par an d’avoir accès à une stadification précise de leur cancer.

« Nous comptons produire des radiopharmaceutiques pour le Centre et pour l’hôpital général national voisin de Diliman, ce qui nous permettra de traiter davantage de patients et de faire avancer la recherche sur le cancer », a déclaré Carlos Arcilla. Il a ajouté que le Centre serait également un centre de formation régional, afin que les Philippines comme les pays voisins puissent devenir autonomes s’agissant de la production et de l’utilisation de radiopharmaceutiques.

Avantages des nouvelles installations émettant des rayonnements ionisants

Les radio-isotopes et les faisceaux de particules produits dans les installations émettant des rayonnements ionisants, telles que les cyclotrons, les synchrotrons et d’autres types d’accélérateurs, sont utilisés dans les domaines de la médecine et des soins de santé, de la sécurité hydrique, de l’alimentation et de l’agriculture, de la recherche, de la production d’énergie, des produits industriels et des produits de consommation, des enquêtes médico-légales et de la préservation du patrimoine culturel.

L’établissement partout dans le monde d’un plus grand nombre d’installations basées sur des accélérateurs permettra de rendre l’accès à ces bénéfices plus aisé et plus abordable. Ainsi, en plus des installations aux Philippines, de nouvelles installations sont en cours d’établissement en Argentine, en Malaisie et en Thaïlande, et toutes bénéficient du soutien de l’AIEA.

Au niveau mondial, la demande concernant ces installations émettant des rayonnements ionisants est en augmentation, et pour mieux aider les pays à y répondre, l’AIEA prévoit de publier cette année son Guide pour l’établissement d’installations émettant des rayonnements ionisants. « Il sera utile pour les personnes qui participent au développement d’installations émettant des rayonnements ionisants de bénéficier de conseils qui leur permettront d’entreprendre de façon organisée et méthodique, ce qui facilitera la mise en œuvre et l’utilisation à plein régime une fois que l’installation aura commencé à fonctionner et à fournir des services. C’est là l’objectif de cette publication qui regroupera des avis d’experts sur l’établissement de nouvelles installations et l’amélioration des installations existantes », a déclaré Nuno Pessoa Barradas, spécialiste des réacteurs de recherche à l’AIEA et responsable de la publication.

Les installations émettant des rayonnements ionisants peuvent être dotées de différents types d’équipements servant à l’ionisation. En Thaïlande, l’Institut de recherche par la lumière synchrotron prévoit de construire un deuxième synchrotron. Le premier synchotron du pays (voir image) fonctionne depuis 20 ans et a aidé les experts thaïlandais à utiliser de façon durable les rayonnements ionisants pour préserver les objets du patrimoine culturel (voir page 8), mener des enquêtes médico-légales (voir page 16) et contribuer à la recherche-développement.

« La machine utilisée actuellement a eu un impact important dans le pays », a déclaré Supargorn Rugmai, directeur adjoint des affaires académiques et chef de la Division des installations de recherche à l’Institut de recherche par la lumière synchrotron. « Au début, nos connaissances étaient insuffisantes, mais grâce à la mise en place de programmes de formation régionaux, nous sommes en train de devenir des experts. Grâce à cette nouvelle installation, nous pourrons avoir un impact social plus important et appliquer cette technologie à plus grande échelle. »

Les sources de rayonnement synchrotron permettent de mener à bien et de faire progresser la recherche dans les domaines industriel et médical ainsi que la recherche fondamentale. L’énergie du nouveau synchrotron de la Thaïlande sera deux fois et demie supérieure à celle de l’ancien. Ce nouveau synchrotron servira à faire progresser la recherche scientifique et améliorera l’économie du pays grâce à l’utilisation de ses rayons X de haute intensité aux fins de l’amélioration des produits industriels et de l’innovation appliquée à ces derniers.

En Argentine et en Malaisie également, des experts développent de nouvelles installations d’accélérateurs de faisceaux d’électrons. Ces installations permettront une plus grande production de radio-isotopes pour les diagnostics et les traitements médicaux, ainsi que des progrès de la recherche et de la technologie dans ces pays.

Dans le cadre de son programme de coopération technique, l’AIEA envoie des experts en Argentine, en Malaisie, aux Philippines, en Thaïlande et dans d’autres pays pour aider à l’établissement d’installations émettant des rayonnements ionisants et à leur fonctionnement en toute sûreté ; ces experts forment des experts locaux afin que ces derniers puissent gérer et maintenir ces installations de manière indépendante. En plus de ce soutien, l’AIEA publie des normes de sûreté, propose des sessions virtuelles et héberge une plateforme d’apprentissage en ligne, le Portail des connaissances sur les accélérateurs, qui est un site conçu pour et par des spécialistes des accélérateurs qui propose des supports de formation, des informations sur les accélérateurs du monde entier, et bien plus encore.

 

05/2022
Vol. 63-2

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