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La formation de l’AIEA axée sur la capacité à diriger et à mobiliser pour la sûreté favorise la mise en place d’une solide culture de sûreté

Anjarika Strohal

Pourquoi la capacité à diriger et à mobiliser est-elle cruciale pour la sûreté nucléaire ? Parce qu’elle permet d’entreprendre les actions de sûreté adéquates, de motiver le personnel à faire respecter les procédures de sûreté jour et nuit, sept jours sur sept, et de donner des directives concernant l’application des mesures de sûreté.

L’importance de celles et ceux qui jouent ce rôle moteur en matière de sûreté est l’un des thèmes couverts par la Formation internationale à la direction pour la sûreté nucléaire et radiologique de l’AIEA, lancée en 2016.

Il est essentiel, dans le secteur nucléaire, de promouvoir une culture de la sûreté auprès du personnel et d’amener ainsi chacun à saisir l’importance de la sûreté et des mesures nécessaires à son maintien. L’instauration d’une solide culture de sûreté fait partie des principes de gestion qui sont absolument fondamentaux en cas de recours à la technologie nucléaire. Cette culture vise à renforcer la mise en œuvre d’une approche systémique de la sûreté, c’est-à-dire à conforter les interactions entre les personnes, la technologie et les organismes au sein de l’infrastructure nucléaire nationale. L’importance de la culture de sûreté compte parmi les grands enseignements tirés de l’accident nucléaire de Fukushima Daiichi.

« L’objectif de cette formation est de donner à celles et ceux qui sont, ou seront demain, les chefs de file du secteur nucléaire la possibilité de comprendre de façon plus précise et plus intuitive le rôle qu’ils sont appelés à jouer pour mettre en place une solide culture de sûreté dans les installations nucléaires du monde entier », explique Shahid Mallick, chef de la Section de la coordination des programmes et des stratégies du Bureau de la coordination de la sûreté et de la sécurité de l’AIEA. « Lorsque l’on fait appel à la technologie nucléaire, il est important de communiquer les politiques et les plans relatifs au principe privilégiant la sûreté avant tout. »

La sûreté nucléaire et radiologique, c’est l’affaire de tous. Ce n’est qu’en unissant nos efforts et en travaillant dans un esprit d’équipe [...] que nous pourrons assurer la sûreté nucléaire et radiologique des populations du monde entier.
Karmolporn Pakdee, responsable de la diffusion de l’information, Office thaïlandais de l’atome pour la paix

Des approches descendantes et ascendantes de la sûreté

Les participants à la formation acquièrent de nouvelles méthodes de communication axées sur une progression pédagogique jalonnée d’objectifs d’apprentissage qui, à partir de « cibles », de « valeurs et d’état d’esprit » et d’« engagement », les amène à comprendre des situations plus complexes et concrètes, illustrées par des études de cas, des exposés, des présentations d’intervenants et des discussions. Le programme vise à leur faire percevoir la sûreté comme une priorité absolue et à leur permettre d’en saisir les tenants et aboutissants. Le contenu des cours est élaboré par des experts d’organisations internationales, d’organismes d’exploitation nucléaire et d’universités, et comprend des activités pratiques inspirées d’études de cas d’urgences nucléaires ou radiologiques.

Karmolporn Pakdee, responsable de la diffusion de l’information à l’Office thaïlandais de l’atome pour la paix, a suivi la première session de la Formation internationale à la direction pour la sûreté nucléaire et radiologique de l’AIEA qui s’est tenue à l’Université Tōkai (Japon) en février 2020. « La sûreté nucléaire et radiologique, c’est l’affaire de tous », dit-il. « Ce n’est qu’en unissant nos efforts et en travaillant dans un esprit d’équipe – en suivant des plans définis et des approches systémiques reposant sur l’utilisation appropriée de divers outils et moyens de communication – que nous pourrons assurer la sûreté nucléaire et radiologique des populations du monde entier. »

La formation propose aux participants des études de cas et des jeux axés sur la capacité à diriger et à mobiliser, au cours desquels ils doivent faire face à des situations telles qu’une exposition médicale involontaire, une panne dans une centrale nucléaire ou une fuite de matières radioactives. Il leur est demandé de déceler les lacunes que présentent ces situations en termes de sécurité nucléaire et de trouver des moyens susceptibles d’aider un organisme à améliorer ses procédures et mécanismes en la matière.

L’un des points mis en évidence par le rapport du Directeur général sur l’accident de Fukushima Daiichi (2015) était la nécessité d’adopter une approche systémique de la sûreté nucléaire. Les exercices pratiques de la formation ont été conçus pour tester cette approche dans le cadre de simulations de situations réelles, explique María Moracho Ramírez, spécialiste principale de la sûreté à l’AIEA, qui ajoute que « les membres du personnel, à tous les niveaux d’une organisation, doivent démontrer leur attachement et leur capacité de direction et de mobilisation pour la sûreté, quel que soit leur poste ou leur rôle ».

Rosbell Bosch Robaina, Président du Forum ibéro-américain d’organismes de réglementation radiologique et nucléaire (FORO) confie que : « Cette formation a été pour moi une expérience unique en son genre, et c’est celle que j’ai trouvée la plus enrichissante. Elle nous a tous dotés de nombreux outils pour aborder les questions de leadership en matière de sûreté, et nous a permis de bénéficier d’une perspective internationale grâce à un partage de connaissances avec des pairs et des experts chevronnés pour qui l’exercice de ce rôle de chef de file dans le domaine nucléaire n’a plus de secrets. Le fait d’être intégrés à un nouveau réseau nous permet également de partager nos connaissances et notre expérience. »

L’AIEA continue d’aider les États Membres à promouvoir une culture de sûreté et à favoriser le développement des compétences de leadership de manière à assurer une gestion sûre des installations nucléaires. Une session expérimentale de la formation a été organisée en France en 2017. La méthodologie s’étant révélée efficace, elle a été reprise en Inde et au Mexique en 2018, et de nouvelles sessions ont été organisées au Brésil, au Maroc, au Pakistan et en Turquie en 2019, ainsi qu’au Japon en 2020. Le programme donne normalement les meilleurs résultats lorsqu’il est dispensé en présentiel. Néanmoins, une version hybride de la formation intégrant des éléments virtuels est en cours d’élaboration, afin de pouvoir proposer une méthode complémentaire d’apprentissage en ligne, en réponse aux souhaits des États Membres.

03/2021
Vol. 62-1

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